Le Conseil national a approuvé le compromis de la conférence de conciliation par 101 voix pour, 91 contre et 4 abstentions. La majorité qualifiée (101 voix sur 200 conseillers nationaux) était nécessaire pour ce vote.
Jeudi matin, le Conseil des Etats avait commencé par donner lui aussi son feu vert à la réforme par 27 voix contre 17. Le texte doit toutefois être encore validé définitivement vendredi lors du vote final de la session de printemps. Le peuple pourra alors avoir le dernier mot.
S'adressant aux parlementaires avant le vote, le conseiller fédéral Alain Berset a rappelé "l'importance cruciale de ce projet" pour la Suisse, sa population, son économie et pour la stabilité des institutions du pays. "Ne laissez pas les différences qui subsistent masquer l'accord sur l'essentiel", a plaidé le chef du Département fédéral de l'intérieur.
"Traitement de luxe" pour les baby boomers
"Les femmes paient le prix fort avec cette réforme, a convenu de son côté Christine Häsler (Verts/BE). Mais cette solution a aussi des points forts." Barbara Schmid-Federer (PDC/ZH) a insisté sur le fait que cette réforme était le fruit d'un compromis. "Nous sommes le seul pays qui n'a jamais augmenté les rentes AVS", a appuyé la conseillère nationale.
Pour le chef du groupe UDC Adrian Amstutz, le projet, en faisant un cadeau à la génération actuelle, "met en péril la retraite du plus grand nombre à long terme". Une position partagée par son homologue au PLR Ignazio Cassis. "Ce sera aux jeunes d'éteindre l'incendie que nous allumons aujourd'hui, a déploré le conseiller national tessinois. Notre génération, celle des baby boomers, s'offre un traitement de luxe."
Augmentation des rentes AVS
Le projet Prévoyance vieillesse 2020 prévoit un allongement du départ à la retraite à 65 ans pour les femmes et une baisse des rentes LPP. Mais elle serait compensée par un bonus de 70 francs par mois pour les rentes AVS. Ce compromis avait été validé mardi soir en conférence de conciliation. Il inclut également une augmentation de 150 à 155% du plafond de rente pour les couples mariés.
Le texte final reprend le modèle du Conseil des Etats avec le financement du Conseil national. "Ce dernier suffira tout juste", a défendu le sénateur Konrad Graber (PDC/LU).
Opposition du groupe PLR
"Le projet atteint plusieurs buts importants", a reconnu Alex Kuprecht (UDC/SZ). Mais à ses yeux, le Conseil des Etats a imposé son "diktat" et il n'y a pas eu de réel compromis. A la Chambre des cantons, l'UDC a notamment reçu le soutien de Karin Keller-Sutter (PLR/SG). Le groupe PLR a finalement décidé jeudi matin de s'opposer à la réforme. "Les prestations seront élargies et la situation financière du fonds AVS sera détériorée", a fustigé Karin Keller-Sutter.
Les Vert'libéraux, eux, avaient annoncé mercredi qu'ils soutiendraient le projet et que le groupe le voterait à l'unanimité. Une décision qui n'a pas été facile à prendre. "La réforme prévoit de petites avancées, mais le prix à payer est très lourd et les 70 francs sont une pilule très amère à avaler", a dit la cheffe du groupe PVL Tiana Moser.
Théo Allegrezza avec ats
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