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"L'armée doit s'interroger sur la manière de gérer ses effectifs"

La conseillère nationale Lisa Mazzone (Verts/GE). [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
L'invité de la rédaction - Lisa Mazzone / Le Journal du matin / 11 min. / le 23 mars 2017
Les admissions au service civil suivent une courbe ascendante qui inquiète les responsables de l'armée. Pour la conseillère nationale Lisa Mazzone (Verts/GE), c'est le secteur militaire qui doit revoir ses effectifs.

En 2016, 6169 personnes ont été admises au service civil contre 5836 exactement l'année précédente. L'armée va-t-elle à terme manquer de soldats?

"Non", tranche Lisa Mazzone, qui vient de reprendre la présidence de la Fédération suisse du service civil. "Il y a une tendance à taper sur le service civil au lieu de se poser les vraies questions sur l'armée, sur la manière de gérer, de piloter son effectif", a-t-elle déclaré dans le Journal du matin de la RTS. Elle dit avoir "des doutes sur les besoins en militaires que revendique l'armée " (130'000 hommes, ndlr).

Service civil trop attractif?

Le service civil n'est-il pas simplement victime de son succès? Au nouveau chef de l'armée Philippe Rebord, qui estime que celui-ci est trop attractif, la conseillère nationale verte répond que "le service civil est un droit" et "qu'il n'y a pas d'effectif réglementaire".

Pourtant, il existe une volonté de "recadrer" le service civil. A une courte majorité, le Conseil national a décidé de donner au Conseil fédéral la responsabilité d'un possible transfert du service civil du département de l'économie à celui de la défense.

Lisa Mazzone espère que cette proposition sera balayée par le Conseil des Etats. Elle craint une perte de l'indépendance du service civil, qui se traduirait par "des durcissements, notamment de la durée du service", voire le retour de l'examen de conscience.

"Le nombre de soldats ne fait plus la différence"

"Le monde a changé. Chaque jeune va choisir la manière dont il va servir la société", estime la conseillère nationale.

Il ne faut pas jouer à la course à la militarisation.

Lisa Mazzone, conseillère nationale (Verts/GE)

La menace croissante d'attentats terroristes ne change-t-elle pas la donne? "Les attaques d'aujourd'hui ne sont plus les mêmes qu'hier. Le nombre d'hommes et de femmes qui servent dans l'armée ne fait plus la différence", rétorque-t-elle.

"Si on veut prévenir le terrorisme, on le fera avec des services de renseignement qui collaborent, avec la police de proximité (...) l'armée n'est pas l'outil approprié", conclut Lisa Mazzone.

jvia

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