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Les prisons de Suisse romande manquent de place pour les femmes

Circulez, il n’y a plus de place !
Circulez, il n’y a plus de place ! / Mise au point / 15 min. / le 26 mars 2017
En Suisse, les femmes représentent moins de 6% de la population carcérale. Mais pour des raisons de coûts, elles font les frais de la surpopulation dans les prisons, où les places qui leur sont dévolues manquent.

Alors qu'elles nécessitent des structures carcérales adaptées à leurs besoins spécifiques, notamment la maternité, et avec du personnel féminin, les femmes font les frais de la surpopulation carcérale.

Ce problème, endémique et croissant, touche en particulier la Suisse romande. Pour des raisons de coûts, les cantons préfèrent construire des prisons pour hommes qui représentent plus de 94% de la population carcérale, relève une enquête de Mise au point dimanche.

Ces dernières années, plusieurs établissements et quartiers pour femmes romands ont été fermés ou transférés vers des structures pour les hommes. En conséquence, depuis fin 2016, il y a une pénurie de places de détention pour les femmes en Suisse romande, en préventive comme en exécution de peine.

Les données proviennent des offices pénitentiaires cantonaux et représentent la situation en mars 2017.

Structures fermées ou transformées

Dans le canton de Genève, par exemple, l'établissement pour femmes de Riant-Parc offrait de bonnes conditions aux détenues en fin de peine, mais la structure a été fermée en 2014 car jugée trop onéreuse.

Un pavillon de Curabilis accueillait également les femmes, mais elles ont été remplacées par des détenus masculin, bien plus nombreux. Toutes les détenues genevoises, une quarantaine au total, sont désormais réunies à la prison de Champ-Dollon, où elles subissent un régime plus dur que celui prévu par la loi (voir les témoignages dans le reportage de Mise au point).

Et pendant ce temps, l'unique prison pour femmes de Suisse romande, la Tuilière à Lonay (VD), qui compte également des places pour les détenus masculins, déborde depuis fin 2016.

Importants investissements

Actuellement, sur près de 2400 places dans les prisons romandes, seule une petite centaine sont réservées aux détenues adultes, sans compter les 66 places mixtes des établissements pour mineurs de Palézieux (VD) et de La Clairière (GE).

"Vu que le nombre de femmes est nettement moindre par rapport à la population masculine, cela demande des investissements beaucoup plus grands. Est-ce qu'on est prêt à les faire? Est-ce qu'on arrive à les faire? C'est une question politique", estime Fabien Gasser, le procureur général de Fribourg. Dans ce canton, aucune place pour femme n'est prévue dans les prisons, et des détenues ont récemment dû être envoyées à Lucerne.

Compromis à trouver

Les cantons romands vont se rencontrer les 30 et 31 mars pour essayer de trouver une solution temporaire et des places pour les détenues. La rencontre a lieu dans le cadre du concordat latin, en vertu duquel les cantons se répartissent les détenus.

En attendant que cette question soit tranchée, les cantons romands tentent d'envoyer leurs détenues au pénitencier d'Hindelbank, près de Berne. Mais l'unique établissement pour femmes de Suisse alémanique affiche complet avec 108 femmes incarcérées, dont 14 romandes.

"Nous avons 20 femmes sur liste d'attente, qui patientent dans d'autres prisons", explique sa directrice, Annette Keller.

"Nous travaillons ici conformément à ce que prévoit la loi. Dans cet établissement, les femmes doivent d’abord apprendre de leurs erreurs et ensuite élargir leurs compétences, afin qu’à leur sortie de prison, elles soient capables de se réintégrer et de vivre de manière responsable sans commettre de nouveaux délits", précise-t-elle.

Enquête: Anne-Frédérique Widmann

Développement web: Jessica Vial et Victorien Kissling

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Augmentation du nombre de détenues en Valais

Le canton du Valais connaît lui aussi une hausse du nombre de femmes dans les prisons depuis le début de l'année. "Jusqu'à maintenant, les cinq places prévues pour elles dans la prison de Brigue suffisaient largement, puisqu'on n'avait que deux ou trois détenues simultanément", a déclaré à RTSinfo Georges Seewer, chef du Service valaisan de l'application des peines et mesures.

"Mais en ce moment, par exemple, nous avons huit détenues." Conséquence, les femmes doivent être placées dans des places prévues pour les hommes, dans cette même prison de Brigue.

S'il est difficile de généraliser une cause à cette augmentation, Georges Seewer évoque un constat du 1er procureur du Haut-Valais, qui remarque "une augmentation des délits liés à la drogue".