Malgré des durées d'hospitalisation plus courtes, il y aura toujours plus de patients en Suisse dans les années à venir compte tenu du développement démographique. Le travail du personnel soignant va également s'intensifier, malgré une tendance au raccourcissement de la durée de séjour dans les services de soins aigus des hôpitaux.
Forts besoins en personnel supplémentaire d'ici 2030
"On pouvait s'attendre à ce que cela ait un effet sur les besoins en personnel. Or on a remarqué une croissance assez soutenue des effectifs en personnel soignant ces dernières années", note l’auteure de l'étude Clémence Merçay. "C'est la période qui précède la sortie de l'hôpital, qui est la moins demandeuse en soins, qui a été raccourcie (…) Et c'est plutôt le travail auprès de chaque patient qui va devenir plus intense de la part du personnel soignant".
Sur la base des modalités de prise en charge actuelles des patients, les besoins en personnel soignant supplémentaire au sens large sont évalués à 65'000 personnes à l'horizon 2030: 18'000 pour les hôpitaux et le solde pour les soins de longue durée.
"Mais ces 65'000 personnes, ce n'est pas encore les besoins de relève", souligne Clémence Merçay. "Il faudra aussi remplacer les personnes qui partiront à la retraite et compenser les sorties précoces de la profession, on sait que c'est un problème dans le domaine des soins."
Plus de départs que de personnes formées chaque année
Les calculs montrent qu'il faut 6100 nouvelles personnes formées par année - en soins infirmiers uniquement - pour compenser ces départs. Or en 2014, on n'a compté que 2500 personnes formées en Suisse et 1200 personnes venues de l'étranger.
"Il faudra donc combler ce manque de 2400 personnes, que ce soit en formant plus de personnel en Suisse ou en prolongeant la durée de vie professionnelle du personnel soignant", constate cette cheffe de projet scientifique à l’Observatoire suisse de la santé. Aujourd'hui, un tiers des soignants quitte la profession à moins de 35 ans. "Donc on voit qu'il y a vraiment un grand levier. Si on peut prolonger cette durée de vie professionnelle, on aura aussi moins besoin de former et moins besoin de recourir à du personnel étranger."
Reste qu'actuellement déjà, sur cinq engagements, seules trois personnes ont été formées en Suisse. Les deux autres l'ont été à l’étranger.
Clémence Merçay refuse cependant tout alarmisme. "Mais il faut être attentifs aux conditions de travail de ce personnel soignant et il faut veiller à assurer les soins dans les années à venir" insiste l'auteure de l'étude.
Olivier Angehrn