Jamais ces 18 dernières années, les citoyens suisses n'ont autant manifesté leur peine à comprendre l'objet d'une votation. Pour la troisième réforme de l'imposition des entreprises (RIE III), refusée dans les urnes par 59,1% des voix, c'était le cas de trois quarts des sondés, d'après l'analyse VOTO.
Dépassé par la complexité de l'objet, un votant sur trois a suivi une recommandation. Les adversaires de la RIE III citent le plus souvent l'ancienne ministre des Finances Eveline Widmer-Schlumpf, dont l'opinion donnée publiquement contre le projet a fait beaucoup de bruit.
La foi en l'économie a joué un rôle
Un tiers des personnes ayant voté non ont déploré un manque d'informations et préféré, dans le doute, rejeter le projet. Un autre tiers a estimé que la réforme bénéficierait uniquement aux grands groupes.
La foi envers l'économie a également joué un rôle, même si on ne peut pas parler d'une méfiance ouverte, note l'analyse. Mais ceux qui ne font pas confiance aux milieux économiques ont rejeté presque en bloc (à 92%) la réforme.
ats/rens
Le refus à la RIE III a dépassé le clivage gauche-droite
Le non à la RIE III ne s'explique pas par les caractéristiques sociales et politiques habituelles: ni le revenu ni le niveau de formation n'ont joué un rôle important. Le vote du 12 février 2017 n'est pas un "soulèvement de la classe moyenne", soulignent les auteurs de l'enquête VOTO. Les votes de protestation n'ont pas eu de poids non plus.
Malgré une constellation classique des recommandations de vote, aucun fossé clair entre la gauche et la droite n'est apparu. Une gauche unie a fait face à un camp bourgeois divisé. La moitié des électeurs UDC et PDC ont glissé un non dans l'urne. Même chez les sympathisants du PLR, 37% ont voté contre la RIE III.
La naturalisation facilitée jugée plus importante
En ce qui concerne le vote sur la naturalisation facilitée, trois quarts des sondés savaient dès le début comment ils allaient voter. Un argument a prédominé: les étrangers de la troisième génération vivant en Suisse sont considérés comme des citoyens suisses.
La campagne de l'UDC, seule parmi les grands partis à combattre le projet, n'a pas réussi non plus à convaincre entièrement y compris les adversaires de la naturalisation facilitée. Seuls 48% des sondés qui ont voté non se sont montrés d'accord avec l'argument principal de l'UDC, selon qui la naturalisation facilitée déclencherait une vague de naturalisations.
Le fonds pour les routes nationales et pour le trafic d'agglomération FORTA a, lui, été clairement éclipsé par les deux autres objets.