Le projet fédéral rassemble notamment les paysans, les métiers du bâtiment ou Suisse-Eole alors que l'opposition réunit par exemple le secteur de la chimie, les livreurs de mazout ou l'industrie des machines. Et le phénomène implique aussi les personnalités politiques engagées dans la campagne.
Ainsi le socialiste Roger Nordmann préside le lobby de l'énergie solaire Swissolar alors que la Vert'libérale Isabelle Chevalley défend les intérêts de l'industrie éolienne. Or ce sont deux des principaux bénéficiaires de subventions destinées à promouvoir les alternatives au nucléaire.
Les gagnants du tournant "achetés par les autorités?
D'autres politiciens ont des mandats dans des entreprises actives dans le secteur de l'électricité ou l'assainissement des bâtiments, voire dans des conseils d'administration de barrages comme le PLR fribourgeois Jacques Bourgeois. Celui qui dirige aussi l'Union suisse des paysans (USP) fait même coup double: le paquet soumis au peuple est potentiellement favorable aux agriculteurs et prévoit une aide à la grande hydraulique.
Les gagnants du tournant énergétique sont donc nombreux, ce qui fait dire aux opposants qu'ils se sont laissés acheter par le gouvernement et le Parlement.
Des UDC au cœur des lobbies qui ont tout à perdre
Le constat est le même du côté des opposants à la stratégie énergétique. Albert Rösti, président de l'UDC suisse à l'origine du référendum, incarne à lui seul deux lobbies qui auraient beaucoup à perdre avec ce tournant énergétique. Le Bernois préside à la fois SwissOil, lobby du mazout et des combustibles, et l'association pro-nucléaire AVES.
L'engagement de Magdalena Martullo-Blocher dans la campagne n'est pas non plus désintéressé: la conseillère nationale UDC et patronne d'EMS Chemie siège à la direction de la faîtière des industries chimiques Scienceindustries. C'est l'une des principales branches économiques opposées à la stratégie énergétique, avec les machines et les plastiques.
Et chaque branche a fait ses calculs: certaines craignent la hausse du prix de l'électricité alors que d'autres croient au potentiel des nouvelles énergies en termes d'emplois, d'innovation et de croissance. Au-delà des enjeux idéologiques et climatiques, la campagne est bel et bien imprégnée par les intérêts économiques des uns et des autres.
Stéphane Deleury/oang