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L'avenir énergétique de la Suisse se joue dans les urnes le 21 mai

initiative "Pour la sortie programmée de l'énergie nucléaire" [Keystone - Martin Ruetschi]
La stratégie énergétique 2050 pourrait sonner le glas de l'énergie nucléaire. - [Keystone - Martin Ruetschi]
Renoncer progressivement à l'énergie nucléaire et la remplacer par les énergies renouvelables, telle est la finalité de la stratégie énergétique 2050 soumise au verdict des Suisses le 21 mai.

En 2011, après l'accident de Fukushima, le Conseil fédéral avait décidé de sortir progressivement du nucléaire. Et le gouvernement a, dans la foulée, élaboré la stratégie énergétique 2050, une modification de la loi sur l'énergie qui jette les bases de l'avenir énergétique du pays.

Ce plan énergétique a été accepté par le Parlement l'automne passé, mais l'UDC a lancé avec succès un référendum contre la nouvelle loi, récoltant 68'500 signatures. Les Suisses doivent ainsi trancher sur cet unique objet le 21 mai.

Promouvoir un tournant vert

Concrètement, la stratégie énergétique comprend plusieurs volets. La première étape est l'abandon progressif de l'atome. Aucune nouvelle centrale nucléaire ne pourra être construite et les cinq centrales existantes seront progressivement arrêtées, à la fin de leur cycle de vie.

Dans le même temps, la nouvelle loi entend provoquer un tournant vert en misant sur les énergies renouvelables comme celles produites par le vent, le soleil, l'eau ou les déchets. L'objectif est également de diminuer la dépendance aux énergies fossiles importées.

L'idée est ainsi d'augmenter la production d'énergie verte à 11'400 gigawatts d'ici 2035, environ dix fois plus qu'aujourd'hui, tout en réduisant de plus de 40% la consommation d'énergie entre 2000 et 2050.

40 francs de plus par ménage, assure Doris Leuthard

"Cette réforme garantit que la Suisse pourra continuer de bénéficier d'un approvisionnement en énergie sûr et moderne", a assuré la ministre de l'Energie Doris Leuthard en lançant la campagne du Conseil fédéral.

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La présidente de la Confédération a insisté sur des coûts moindres pour assurer un avenir propre, mais aussi sur le fait que ce projet vise à rendre la Suisse moins dépendante de l'étranger. De plus, à ses yeux, les énergies locales favorisent l'innovation et les investissements et créent ainsi des places de travail en Suisse.

Les ménages et les entreprises devront participer à l'effort, notamment en payant davantage pour leur électricité. Mais le montant est "tolérable" aux yeux de la conseillère fédérale: un ménage de quatre personnes verrait ainsi sa facture augmenter de 40 francs par année, un supplément perçu sur le réseau pour encourager la production d'énergie renouvelable.

3200 francs de plus par ménage, rétorquent les opposants

Emmenés par l'UDC, seul parti gouvernemental à combattre le projet, et une minorité de PLR, les opposants dénoncent une mise en danger de l'approvisionnement énergétique helvétique et une "arnaque à coups de milliards contre la classe moyenne".

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Le principal argument des référendaires est d'ordre financier. Pour eux, la mise en oeuvre de la stratégie énergétique 2050 équivaudra à un coût de 3200 francs par an et par ménage selon l'UDC, mais que Doris Leuthard nie énergiquement.

Et le projet va bétonner les perspectives pour 30 ans sans pouvoir s'adapter aux futurs développements, dénonce encore le comité interpartis d'opposants. Il faut "laisser le marché décider et pas les politiciens qui n'y comprennent rien", conclut le conseiller national UDC Toni Brunner.

Frédéric Boillat

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