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"C'est très difficile de porter plainte contre la police pour délit de faciès"

Délit de faciès
Délit de faciès / Mise au point / 15 min. / le 9 avril 2017
Délit de faciès ou contrôle justifié? Mise au point livre les témoignages de personnes qui ont porté plainte contre la police après une interpellation musclée et évoque les réactions des autorités.

"C'est très difficile de porter plainte parce qu'on se dit qu'on ne va quand même pas se battre contre l'Etat. On se dit que ça ne va pas aboutir à quelque chose, mais on le fait, parce qu'on se sent blessé."

Dans Mise au Point, Hervé Kalati revient sur un contrôle qu'il juge "extrême" alors qu'il sortait de chez lui à Fribourg pour faire ses courses. Il s'est senti humilié. "J'ai 2-3 voisins qui ne me saluent plus, parce qu'ils se disent 'voilà un autre dealer qui vient dans notre quartier'".

Inversion de la plainte

"Porter plainte dans une telle affaire est un procédure lourde", explique l'avocate Aline Bonard. "La police essaie systématiquement de se défendre en dénonçant à son tour des infractions."

Dans le cas d'Hervé, il s'est effectivement retrouvé accusé par la police de refus d'obtempérer. Il vient d'être auditionné pour cette raison, mais n'a pas encore eu de nouvelles de sa propre plainte.

Peu de cas annoncés

Le commandant de la police de Fribourg, Pierre Schuwey, ne veut pas réagir sur ce cas en cours, mais estime que le profilage racial n'est pas un problème majeur.

"C'est une préoccupation, car cela revient souvent sur le devant de la scène, avec une minorité de personnes qui, lors de leur arrestation, avancent le prétexte de 'je suis contrôlé parce que je suis étranger'. Mais très peu de cas nous sont annoncés."

Pierre Schuwey estime également qu'il ne faut pas inverser les rôles. "Ce n'est pas le policier qui est l'ennemi de la société ou du citoyen, c'est le crime et le délinquant."

Béatrice Guelpa/vkiss

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Cas difficiles à comptabiliser

A Fribourg, le commandant a compté 13 plaintes pour abus d’autorité en 2016, dont 3 pourraient être apparentées à du délit de faciès. Ailleurs en Suisse romande, les polices cantonales ne communiquent pas à ce sujet.

Frédéric Maillard, consultant pour différentes polices en Suisse depuis 13 ans, a interrogé près de 5000 policiers. Pour lui, une interpellation sur cinq dérape. "C'est une proportion du sentiment de discrimination de la part du policier", précise-t-il.