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La Suisse veut protéger les travailleurs du Mondial 2018 en Russie

Un travailleur sur le site de la coupe du monde 2018 en Russie.
La Suisse veut protéger les travailleurs du Mondial 2018 en Russie / Le Journal du matin / 4 min. / le 28 avril 2017
La Suisse, en collaboration avec une ONG russe d’aide aux migrants, a lancé un projet pour protéger les travailleurs du Mondial 2018 en Russie, a appris vendredi la RTS.

Ce projet financé à 80% par le Département fédéral des affaires étrangères a débuté au mois de janvier et devrait durer jusqu’à deux mois après la Coupe du monde de football.

Le projet est mené par une ONG russe d’aide aux migrants, active depuis 20 ans dans l’Oural. Cette ONG a déjà réalisé d’autres projets en collaboration avec l’ambassade suisse à Moscou.

Active à Ekaterinbourg

Ekaterinbourg, dans l’Oural, est l’une des 11 villes russes qui accueillera la Coupe du monde en 2018. L’objectif de ce projet est de protéger au mieux les employés qui y travailleront, tant sur les chantiers que dans l’hôtellerie, a expliqué dans le Journal du matin Leonid Grishin, président de l’ONG "Uralski dom" en charge du projet: "Nous assistons les employeurs, nous leur expliquons comment être en règle, pour qu’ils ne soient pas sanctionnés par la suite, car la législation est très ferme en ce qui concerne l’emploi illégal de main d’oeuvre étrangère. Et dès le mois de mai, nous aurons des juristes professionnels pour défendre le droit des ouvriers, qu’ils soient russes ou étrangers. Il y aura une hotline".

D’expérience dit-il, certains groupes de migrants sont particulièrement vulnérables, comme les femmes kirghizes qui travaillent pour des compagnies de nettoyage.

Des problèmes à Saint-Pétersbourg

A noter qu'à Ekaterinbourg, il n’y a pas eu de problèmes majeurs pour l’instant. Sur d’autres stades, comme Kaliningrad, des ouvriers ont protesté contre des retards de salaire. Mais le chantier le plus problématique est de loin celui de Saint-Pétersbourg.

Avec des salaires impayés, mais aussi des normes de sécurités très insuffisantes, 4 ouvriers au moins sont morts d’accident. Et récemment, la presse norvégienne affirmait que des ouvriers nord-coréens travailleraient dans des conditions proches de l’esclavage sur ce chantier, pour le compte du régime de Pyongyang, qui empocherait une grande partie de leur salaire.

Un projet unique

Le problème sur ces grands chantiers temporaires est que la plupart des ouvriers sont des migrants et qu’ils ne sont affiliés à aucun syndicat. Sans compter que les employés du secteur de la construction en Russie sont peu protégés.

Ce projet assez unique en son genre et financé par la Suisse est donc utile. D’ailleurs, si la phase pilote d’ici octobre se passe bien, il est possible que le projet soit étendu à d’autres villes de Russie qui accueillent la Coupe du monde ou que l’expérience soit utilisée pour d’autres grands événements sportifs.

Les services de la migration ou de l’emploi ont montré pour l'instant un réel intérêt pour ce projet, assure l’ONG russe, mais elle ne sait pas quelle sera leur réaction dans la pratique, a encore relevé Leonid Grishin. L’enjeu de ce Mondial est important pour le pouvoir russe qui compte beaucoup sur ces grands évènements sportifs pour promouvoir son image.

Isabelle Cornaz/lan

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