Un véritable fossé sépare les estimations du coût engendré par le stratégie énergétique 2050 (SE2050), sur laquelle les Suisses votent le 21 mai. Pour la conseillère fédérale Doris Leuthard, la nouvelle loi sur l'énergie n'inclut, en matière de coûts, qu'une augmentation de la redevance pour les énergies renouvelables. "Cela coûte 40 francs par an", fait valoir la présidente de la Confédération dans l'émission Infrarouge mercredi. Une somme qui correspond à une hausse du prix de l'électricité de l'ordre de 0,8 centime par kilowattheure.
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Alors comment les opposants arrivent-ils à un chiffre si éloigné? "Les adversaires calculent aussi les investissements dans le réseau électrique [...] ou pour moderniser les barrages, répond Doris Leuthard. Ils calculent l'ensemble de ce qui pourrait arriver dans les années qui viennent."
Plusieurs paquets de mesures
Le camp du non ne conteste d'ailleurs plus le chiffre de 40 francs par an et par ménage. Mais "les 3200 francs, c'est l'entier de la réalité", selon Manfred Bühler (UDC/BE). Le conseiller national dit y voir le "syndrome de la mini-jupe". "Madame Leuthard nous fait un magnifique discours, explique très bien son projet et le défend, mais elle nous cache l'essentiel."
Manfred Bühler insiste lui sur le fait que la SE2050 dépend de plusieurs paquets et qu'après le premier, suivront "un deuxième et peut-être un troisième". L'UDC bernois prend ainsi en compte "le coût des trois paquets avec toutes les mesures et les nouvelles taxes qui devront être introduites pour atteindre les 43% de baisse de la consommation d'énergie" que vise la loi d'ici 2035.
Approvisionnement énergétique
Réplique immédiate de la conseillère fédérale: "On peut toujours faire un pêle-mêle et je pense que ce n'est pas correct." "En Suisse, on fait toujours des réformes, pour une quinzaine d'années, étape par étape", appuie-t-elle, citant celle de l'imposition des entreprises, de l'AVS et de l'armée.
Difficile toutefois de mettre les deux camps d'accord. Alors que Doris Leuthard parle d'une production d'électricité "bon marché", Benoît Genecand (PLR/GE) voit dans la SE2050 "le produit de l'émotion post-Fukushima qui, à grand frais pour la population, ne règle pas la question de la sécurité de l'approvisionnement énergétique".
Théo Allegrezza