Cette solution transitoire, qui offre notamment aux jeunes Suisses un nombre limité d'universités, avait été mise en place après le oui des Suisses à l'initiative sur l'immigration de masse en février 2014. L'Union européenne avait alors suspendu les accès de la Suisse au programme d'échange universitaire Erasmus.
En 2016, le nombre de projets de mobilité déposés par des étudiants et approuvés a cependant atteint un nouveau record: plus de 10'000 Erasmus+ ont été accordés, ce qui correspond à une augmentation de 12% par rapport à l'année précédente.
Le Conseil fédéral voit désormais plus d'avantages que d'inconvénients à la solution actuelle. Mais les principales intéressées, les universités suisses et les écoles polytechniques fédérales, ne partagent pas son avis.
La qualité, un argument qui pourrait s'essoufler
Les grandes écoles prennent l'exemple de Cambridge, deuxième plus vieille université d'Angleterre après Oxford, qui ferme généralement ses portes aux universitaires suisses à moins qu'ils ne paient toutes leurs taxes estudiantines de leur poche.
Et pour le recteur de l'Université de Genève Yves Flückiger, cette situation pourrait se généraliser: "C'est ma crainte, mais heureusement la qualité des universités suisses peut permettre de convaincre assez rapidement d'autres partenaires de conclure des accords bilatéraux avec la Suisse pour pouvoir maintenir ces échanges", relativise-t-il. "C'est lié à la qualité de la formation et de la recherche en Suisse, mais j'ai peur que petit-à-petit peut-être cet argument puisse être amené à s'atténuer voire à disparaître."
Pour un retour à la situation d'avant
La qualité des universités suisses est donc un argument qui pourrait s'essouffler. C'est pourquoi Yves Flückiger demande un retour à la situation d'avant 2014. "Je crains fort que les coûts de cette absence d'Erasmus+ se fassent sentir assez rapidement", souligne le recteur. "On va pouvoir mettre en place des solutions transitoires de substitution mais ce ne sont que des solutions de substitution qui n'ont pas les effets qu'Erasmus+ aurait pu avoir. Et donc cela va générer aussi beaucoup de travail administratif pour les universités qui doivent mettre en place des systèmes de remplacement et donc négocier de manière bilatérale: un système beaucoup plus coûteux."
Budget trois fois moins cher sur la table des parlementaires
Les parlementaires voteront cet automne sur le budget de cette solution durablement provisoire: 114 millions de francs sur trois ans. C'est trois fois moins que ce qu'aurait coûté une participation pleine et entière à Erasmus+, selon les estimations du Conseil fédéral.
Muriel Ballaman/dk