La décision du président du Conseil national Jürg Stahl d'organiser un voyage parlementaire en Russie, révélée par la RTS la semaine dernière, avait déjà suscité une mini-polémique sous la Coupole fédérale, certains élus mettant en garde contre une visite en terrain glissant, vu les sanctions internationales contre Moscou.
La Suisse n'entre pas en matière
Des rencontres à un tel niveau entre parlementaires suisses et officiels russes n'avaient pas été organisées depuis plusieurs années. Et ces retrouvailles ont été marquées par la proposition embarrassante du président de la Douma, la Chambre basse du Parlement russe, à se rendre en Syrie avec lui, sur invitation du Parlement syrien.
L'objectif de la visite vise à comprendre ce qui se passe sur le terrain dans ce pays en guerre depuis six ans, a indiqué le président de la Douma. Mais Jürg Stahl n'est pas entré en matière, le premier citoyen du pays estimant qu'il ne s'agissait pas d'une "discussion concrète" et qu'il lui était impossible d'accepter "en deux minutes" une invitation sur un sujet aussi "sensible".
Discussion sur les droits des femmes
La Douma a voulu parler longuement de la Syrie avec la délégation suisse. Cette dernière a quant à elle proposé d'autres sujets de discussion, notamment sur les droits humains, en particulier les droits des femmes. Elle a ainsi demandé des précisions sur la récente loi qui dépénalise les violences domestiques en Russie.
Les parlementaires russes ont répondu en détaillant la nouvelle législation, mais sans laisser place à la critique. Ils ont d'ailleurs réservé une pique à leurs homologues helvétiques, rappelant que la Suisse n'avait accordé le droit de vote aux femmes qu'en 1971.
Isabelle Cornaz/dk
Un programme très dense et diversifié
Le voyage du Conseil national en Russie - prévu sur quatre jours - ne se résume pas à la rencontre avec la Douma. Le programme de la visite est très dense et diversifié.
Lundi, la délégation suisse a ainsi rencontré Vladimir Titov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, avec qui la question de l'Ukraine a été abordée. Des rencontre avec d'autres officiels russes de haut rang, y compris le Premier ministre Dmitri Medvedev, sont aussi prévues à Saint-Pétersbourg.
Lundi et mardi, les élus suisses ont aussi pu s'entretenir avec des entrepreneurs suisses présents en Russie, avec la société civile, avec l'opposition ou encore avec l'institut de sondages Levada, un centre indépendant qui donne une vision complexe et nuancée de la société russe.
La Suisse cherche le soutien russe pour les JO 2026
Le président du Conseil national Jürg Stahl étant aussi le président de Swiss Olympic, la candidature de la Suisse aux Jeux olympiques 2026 a aussi été évoquée.
La délégation a rencontré Vitali Moutko, le vice-Premier ministre chargé des Sports, ainsi que le président du Comité olympique russe Alexandre Joukov. Jürg Stahl affirme évoqué aussi la question du dopage avec ce dernier.
Le vice-président de la Douma, Piotr Tolstoï, quant à lui, soutient l'idée d'une candidature de la Suisse aux JO d'hiver 2026. "J'espère que la Russie va soutenir la Suisse si celle-ci présente sa candidature", a-t-il indiqué.