"Les problématiques du commerce mondial que je voyais dans les pays en développement à l'époque, je les vois aujourd'hui chez nos agriculteurs, que ce soit en Suisse ou dans les pays européens", relève Paola Ghillani, interrogée dans le Journal du matin.
La directrice de la société Paola Ghillani and Friends, qui conseille des entreprises en matière d'éthique et de développement durable, observe que "le suicide chez les agriculteurs, je le voyais en Inde, en Afrique, en Amérique latine sous la pression des prix trop bas qui ne permettent pas de vivre dignement."
Paola Ghillani fait le constat que la situation est aujourd'hui identique sous nos latitudes.
Il faudrait développer un label de commerce équitable pour les agriculteurs sous nos latitudes.
Cette proposition est "très urgente", selon la directrice de Max Havelaar de 1999 à 2005. "Il faut conscientiser le consommateur, les politiciens et aussi le monde économique."
Elle conclut en déplorant que "du moment qu'on ne respecte plus les agriculteurs ou ceux qui produisent notre nourriture, c'est le reflet d'une société décadente".
Interview: Simon Mathey-Doret
Texte: Lara Gross
Ventes de produits équitables en hausse
Le commerce équitable poursuit sa progression en Suisse. L'an passé, les ventes de produits portant le label de la fondation Max Havelaar ont généré un chiffre d'affaires de 628 millions de francs, 20,7% de plus qu'en 2015.
Les consommateurs helvétiques ont dépensé en moyenne 75 francs pour les produits issus de la filière équitable, écrit jeudi la Fondation Max Havelaar Suisse. Un an auparavant, la consommation par habitant s'était hissée à 62 francs.
En l'espace de cinq ans, les achats annuels de produits équitables par habitant ont crû de plus de 25 francs. A ce rythme, la réalisation de l'objectif 2012 de la fondation d'une consommation par tête de 100 francs, qui paraissait alors utopique, semble à portée de main, se réjouit-elle (ats).