C'est l'un des principaux volets de la stratégie énergétique, largement acceptée par le peuple suisse: augmenter la production d'énergie verte tout en diminuant la dépendance aux énergies fossiles importées.
Pour y parvenir, le Conseil fédéral prévoit que l'énergie éolienne couvre jusqu'à 10% des besoins en électricité du pays d'ici 2050, soit 50 fois plus qu'aujourd'hui. Jusqu'à 1000 nouvelles turbines pourraient être nécessaires, alors que le Département fédéral de l'énergie recense 37 installations dont la puissance dépasse les 1000kW, réparties sur 14 communes.
Vive opposition dans le Jura
Dimanche, neuf de ces 14 communes ont montré leur désamour pour les éoliennes en affichant un plus faible soutien que leur canton à la stratégie énergétique. Cinq d'entre-elles ont carrément refusé l'objet. Lors de la votation de novembre dernier sur l'initiative "Sortir du nucléaire", les communes abritant des centrales s'étaient à l'inverse massivement mobilisées pour leur maintien.
C'est dans la commune jurassienne de Saint-Brais que la défiance est la plus marquée. Seuls 46,8% de la population a voté oui contre 62,7% sur l'ensemble du canton. Les deux éoliennes érigées en 2009 à proximité de ce petit village de 230 habitants n'ont cessé d'être une source de discorde depuis lors. En octobre dernier, des inconnus avaient même bouté le feu au transformateur des installations.
Seconde commune où la faiblesse du soutien par rapport au canton est la plus marquée, Muriaux (JU) héberge les trois turbines du parc éolien du Peuchapatte. De nombreuses voix s'étaient élevées lors de la mise en service en 2011, en raison de désagréments sonores et paysagers. La stratégie énergétique n'y recueille que 49,2% de oui, soit 13,5 points de moins que dans le Jura.
Les disparités communes-cantons existent aussi mais sont moindres à Entlebuch (LU, -8,6 points), Grenchen (SO, -7,4 points) et Andermatt (UR, -5,8 points), les trois autres localités ou le non l'emporte.
Succès au Mont-Crosin
Les 16 turbines du Mont-Crosin, dans le Jura bernois, font de cet espace montagneux le plus important parc éolien de Suisse. Réparties sur les territoires de quatre localités, elles ne sont situées qu'à quelques dizaines de kilomètres de celles de Saint-Brais ou du Peuchapatte. Mais la réalité du terrain diffère - les installations du Mont-Crosin sont géographiquement éloignées de toute zone habitable -, et le résultat est tout autre.
Ainsi, aucune des communes bernoises concernées ne refuse le texte. Mieux: Courtelary, Cormoret, Villeret et St-Imier disent toutes oui de manière plus marquée que le canton dans son ensemble.
Craintes autour du Lac Noir
Les communes hébergeant déjà des turbines ne sont pas les seules à s'être montrées réservées sur la stratégie énergétique 2050.
Dans le canton de Fribourg, elles sont ainsi plusieurs à l'avoir refusée dans la région du Lac Noir, où le projet de parc éolien du Schwyberg a fait l'objet d'un recours de quatre organisations de protection de la nature. En février dernier, le Tribunal cantonal s'est prononcé en faveur de ces dernières mais les promoteurs ont la possibilité de redemander un permis de construire.
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kg