Le Conseil national a accepté mercredi, par 97 voix contre 77, une motion du socialiste bernois Matthias Aebischer qui vise à interdire l'importation de produits d'animaux ayant subi des mauvais traitements. Le parlementaire vise particulièrement le foie gras, les cuisses de grenouille et les produits de pelleterie.
"Je trouve que c'est dommage de se priver de choses aussi délicates", réagit le cuisinier Bernard Ravet interrogé jeudi dans Le 12h30 de la RTS.
La Suisse va être un îlot, c'est un petit peu ridicule.
Le restaurateur, propriétaire de l'entreprise familiale "L'Ermitage des Ravet" à Vufflens-le-Château (VD), souligne qu'il s'agit surtout - pour éviter au maximum des produits issus d'animaux maltraités - de contrôler les marchandises à la frontière et de connaître leur origine. De toute façon, souligne-t-il, "on ne peut pas interdire complètement la production de ces choses-là. Donc la Suisse va être un îlot au milieu, et on ira manger des homards et des foies gras en France, c'est un petit peu ridicule."
D'autres modes de production possibles
Contrairement à ce que certains affirment, Bernard Ravet estime que le foie gras peut être produit sans cruauté. "C'est tout à fait possible, puisque les oies et les canards se gavent naturellement." Il cite l'exemple d'élevages où les volailles sont nourries avec des figues - ce qu'on appelle des foies gras "ficatum".
Toutes ces dérives vont nous priver de choses que je trouve intéressantes.
Le chef dénonce les produits industriels, avec des marchandises à bas coût. "Maintenant, on veut avoir des foies gras au même prix que le foie de volaille. C'est possible et cela amène toutes ces dérives qui vont nous priver de choses que je trouve intéressantes. Et c'est dommage."
Le bon marché de qualité, ce n'est pas possible, il faut l'admettre.
Le restaurateur vaudois déplore le fait que ces produits soient distribués à large échelle, "parce qu'on a fait m'importe quoi pour en avoir à bas prix (…) On ne veut plus payer le prix réel de la marchandise, les supermarchés, la grande distribution, les grandes chaînes veulent du 'low cost' et du bon marché. Et le bon marché de qualité, ce n'est pas possible, il faut l'admettre.
Pour Bernard Ravet, il vaut mieux manger une fois ou deux fois par année du foie gras et être prêt à payer le prix, plutôt que - par une interdiction - "se priver toute la vie de choses intéressantes."
Le Conseil des Etats devra encore se prononcer sur la motion acceptée par le National.
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Propos recueillis par Katja Schaer
Texte web: Olivier Angehrn