"Didier Burkhalter, le diplomate solitaire", écrit jeudi matin la Neue Zürcher Zeitung (NZZ). "C'est comme si ce passionné de football avait joué dans deux ligues simultanément. En première ligue, il y a la star de la diplomatie, celui qui a été célébré pour son excellente présidence de l'OSCE en 2014, celui que les médias ont imaginé comme potentiel successeur de Ban Ki-moon à l'ONU", observe le journal.
Et d'ajouter: "Mais en deuxième ligue, il y a le conseiller fédéral Burkhalter qui subit la guerre des tranchées au Conseil fédéral, le tir de barrage des médias et l'opposition de son propre parti".
Le dossier européen omniprésent
D'ailleurs, pour l'Aargauer Zeitung, le retrait de Didier Burkhalter est une conséquence directe de son échec dans le dossier européen. "Malgré son éternel optimisme, il était bien le seul à croire encore à son dossier sur l'accord institutionnel", note le quotidien. "Il part sans avoir su expliquer à un large public la nécessité de cet accord avec l'Union, quand la motivation diminue, mieux vaut s'en aller, cela amènera de l'air frais dans le dossier européen".
Même son de cloche dans le Tages-Anzeiger. Les défauts de Didier Burkhalter, dans son dossier le plus important, l'Europe, pesaient trop lourd. "Son successeur doit faire preuve de plus de sens politique, donner une vision de la politique étrangère en suisse, savoir communiquer et enthousiasmer".
L'épisode du 9 février est clos, merci Didier Burkhalter
"Didier Burkhalter ne s'est jamais remis du 9 février 2014", estime de son côté Le Temps. "Une date qui reste comme un immense point noir", renchérit La Liberté. Il est le symbole, pour 24heures, de ce Conseil fédéral qui n'a pas vu venir la vague de colère du 9 février.
L'Europe, dossier central de son mandat, sur lequel il a failli, constate pour sa part, sévèrement, la Tribune de Genève dans un éditorial.
"Pas du tout! Le dossier européen va bien, merci Didier Burkhalter", rétorque en revanche son collègue de parti, le rédacteur en chef de l'Agefi, Fathi Derder. "L'épisode du 9 février est clos, et c'est grâce, notamment, à Didier Burkhalter. Et il a mené le dossier européen avec brio", souligne-t-il.
jgal
"L'homme qui n'a pas su revêtir la taille patron"
Au-delà du dossier européen, c'est la personnalité de Didier Burkhalter qui est pointée du doigt par la plupart des médias suisses jeudi matin. Alors que le Blick va jusqu'à écrire "Didier, comment?" pour souligner la difficulté du Neuchâtelois à revêtir, après huit ans de Conseil fédéral, le costume de sa fonction, la Basler Zeitung parle d'"un timide homme d'Etat".
"Il a fait de la politique pendant trente ans, souligne le Bund, et pourtant il est tout sauf un politicien pur sucre. ll n'aime pas se battre pour une cause, il n'aime pas expliquer cent fois les mêmes choses".
Energie, classe et honnêteté
Le Neuchâtelois n'a jamais revêtu la taille patron, lit-on dans l'éditorial de la Liberté. Quant à la Tribune de Genève, elle est la plus sévère côté romand. "Didier Burkhalter est parti comme il a gouverné, avec énergie, classe et honnêteté, mais sans grand charisme ni plan d'envergure, ni raisons convaincantes", relève-t-elle.
Le Matin livre lui un véritable panégiryque du "superdiplomate qui a pris des couleurs au fil des ans" et dont la principale qualité aura été de "ne pas tricher avec ses convictions". De leur côté, L'Express et L'Impartial louent "un homme au service du collectif".