Paris, Londres ou Berlin, les grandes agglomérations sont les cibles privilégiées d'un néo-terrorisme appelé à frapper n'importe où et n'importe quand. En matière de contre-terrorisme, déjouer et prévenir les attentats sont devenus les maîtres-mots des politiques sécuritaires occidentales, appelées à se réinventer.
En Suisse aussi, la menace djihadiste est un enjeu sécuritaire majeur. Enjeu qui nécessite d'"améliorer la coopération entre les cantons", selon le politologue du Global Studies Institute de Genève Frédéric Esposito, organisateur d'un colloque international sur les villes face à la menace terroriste les 13 et 14 juin à l'Université de Genève: "Sur la question du terrorisme, quel est le point commun entre Uri, Genève et Bâle? Il y en a très peu, mais c'est normal. Les Uranais ne se sentent pas forcément menacés par le risque terroriste aujourd'hui."
Une difficulté qui pourrait être surmontée grâce à un "chef d'orchestre au niveau fédéral", lance Frédéric Esposito: "Envisager pourquoi pas un FBI à la Suisse qui puisse disposer de compétences exclusives pour mener des enquêtes sur l'ensemble du territoire."
Redistribuer les cartes
Les villes sont des cibles privilégiées, parce qu'elles concentrent un maximum de victimes potentielles et symbolisent nos modes de vie, poursuit Frédéric Esposito. "D'ici 2030, 81% de la population mondiale vivra dans des espaces urbains. Dans la mesure où pour les terroristes le but est de faire le plus de victimes et surtout de médiatiser leur action, la ville offre cette dimension symbolique."
Les villes ont une dimension symbolique pour les terroristes.
Si le rôle des villes est essentiel dans le dispositif mis en place pour prévenir et résister à la terreur djihadiste, leurs compétences en termes de contre-terrorisme restent limitées, surtout dans des pays très centralisés comme la France. "Les villes sont les yeux et les oreilles du gouvernement, or, paradoxalement, elles ont très peu de compétences pour notamment pratiquer du renseignement local", estime Frédéric Esposito.
Pour piloter les politiques sécuritaire de demain et contrer la "radicalisation", les villes ont un rôle fondamental à jouer, selon le politologue, qui relève aussi l'expertise des acteurs locaux dans la connaissance du milieu communautaire. Pour davantage d'efficience, l'expert invite même "les travailleurs sociaux et les médiateurs à s'asseoir autour de la même table que la police et le renseignement."
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Mélanie Ohayon