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Y aura-t-il bientôt une majorité de conseillers fédéraux sans enfant?

Simonetta Sommaruga, Doris Leuthard et Guy Parmelin n'ont pas d'enfants. Le départ annoncé de Didier Burkhalter pourrait modifier l'équilibre. [Keystone - Manuel Lopez]
Simonetta Sommaruga, Doris Leuthard et Guy Parmelin n'ont pas d'enfants. Le départ annoncé de Didier Burkhalter pourrait modifier l'équilibre. - [Keystone - Manuel Lopez]
Sur les sept membres du Conseil fédéral, trois n'ont pas d'enfant: Simonetta Sommaruga, Doris Leuthard et Guy Parmelin. Le remplaçant de Didier Burkhalter déterminera donc de quel côté penchera la majorité.

Avec la démission de Didier Burkhalter, père de trois enfants, les parents pourraient devenir minoritaires au Conseil fédéral. D'autant que le Tessinois Ignazio Cassis, donné comme l'un des principaux favoris, est marié sans enfant. Ce serait une situation inédite depuis 1848, relève mercredi le Tages-Anzeiger.

Cette tendance à être gouverné par des personnes sans enfants s'observe un peu partout en Europe: Angela Merkel (Allemagne), Emmanuel Macron (France), Theresa May (Royaume-Uni), Paolo Gentiloni (Italie), Stefan Löfven (Suède), Mark Rutte (Pays-Bas), ou encore Jean-Claude Juncker (Union européenne), n'ont pas de descendance.

"Mais est-ce un problème?", s'interroge le journal alémanique.

Critiques des milieux conservateurs et d'extrême droite

Le philosophe conservateur Rüdiger Safranski y voyait un signe de malheur. En 2006, il mettait en garde les hommes et les femmes sans enfant, qui se comporteraient comme "le dernier maillon de la chaîne", et pour qui le fait de penser en termes de générations futures ne serait guère pertinent: "si cette mentalité vient au pouvoir, aucune politique future n'est possible", avait-il alors prédit.

Cette question fait aussi polémique depuis quelques mois sur internet, notamment sur des plateformes d'extrême droite, comme le site allemand Politiquement incorrect, ou le britannique Traditional Britain Group, qui se plaignent de l'infécondité dans les étages ministériels comme d'un symptôme de décadence.

Critiques également des associations chrétiennes en Suisse, comme jesus.ch, qui se demandent si ces dirigeants sans enfants peuvent vraiment faire preuve d'empathie pour les nombreux défis rencontrés par les familles.

Manque de structures favorables aux familles

Le sociologue Klaus Preisner, de l'Université de Zurich, doute que les grandes lignes politiques soient affectées par l'état matrimonial des décideurs. En revanche, on peut s'interroger sur le degré de compréhension que rencontrent les employés avec des responsabilités familiales, estime-t-il.

Selon ce spécialiste des questions familiales, il manque un ministère ou un département de la Famille, face à la quasi-absence de structures favorables pour allier vie professionnelle et vie de famille.

fme

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