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La Suisse veut perfectionner son arsenal judiciaire contre le terrorisme

Interdiction pénale de recrutement et peine maximale relevée en cas de soutien à une organisation terroriste: la Suisse veut adapter ses lois pour lutter contre le terrorisme. [Martial Trezzini]
La Suisse veut perfectionner son arsenal judiciaire contre le terrorisme / Le 12h30 / 2 min. / le 22 juin 2017
Le Conseil fédéral a mis en consultation jusqu'au 13 octobre une série de mesures pénales dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Deux autres paquets suivront cette année, a-t-il annoncé jeudi.

Le premier paquet permettra à la Suisse de ratifier la Convention du Conseil de l'Europe pour la prévention du terrorisme et son protocole additionnel.

Les dispositions actuelles, limitées dans le temps, interdisant Al-Qaïda, le groupe Etat islamique et les organisations apparentées seront remplacées par une interdiction pénale de recrutement, d'entraînement et de voyage en vue d'un acte terroriste.

Peine maximale relevée

Cette disposition s'appliquera tant aux groupes terroristes qu'aux individus isolés. Elle permettra à tout un chacun de comprendre quels sont les actes interdits et quelle est la peine encourue (privation de liberté jusqu'à 5 ans). Elle ne punit pas les appels au crime ni l'apologie du terrorisme, que les dispositions pénales sur l'incitation à la violence ou sur l'instigation suffisent à réprimer.

Le Conseil fédéral souhaite par ailleurs faire passer la peine maximale encourue en cas de soutien ou de participation à une organisation terroriste de 5 à 10 ans.

Se baser sur les "expériences douloureuses" d'autres pays

Interrogée jeudi dans l'émission Forum, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga insiste sur l'intérêt de renforcer encore les instruments à disposition pour lutter contre le terrorisme - sur la base notamment des "expériences douloureuses" d'autres pays. "Cela montre à quel point la collaboration [internationale] est importante", ajoute-t-elle.

Mais toutes ces mesures doivent s'inscrire dans le cadre de l'Etat de droit, précise la ministre de Justice et Police. "Il faut toujours être conscients que les terroristes veulent que nous sacrifiions notre Etat de droit et cela, on ne l'acceptera jamais (…) L'Etat de droit, la protection et la liberté vont ensemble."

Plan de prévention contre la radicalisation

Simonetta Sommaruga souligne également qu'il y a un gros travail de prévention à faire entre Confédération, cantons et communes. "On est en train de préparer un plan de prévention contre la radicalisation", précise la conseillère fédérale.

ats/rens

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Une soixantaine de "voyageurs du djihad" confirmés

Le Service de renseignement de la Confédération a recensé jusqu'en mai 65 cas confirmés de personnes parties de Suisse pour mener le djihad (58 en Syrie ou en Irak, 1 en Afghanistan ou au Pakistan et 6 en Somalie). S'y ajoutent 23 cas non confirmés (16 vers le Proche-Orient et 7 vers la Somalie).

Parmi ces 88 cas figurent 30 personnes détentrices d'un passeport suisse, dont 18 binationaux. Vingt-trois personnes auraient trouvé la mort (16 décès confirmés) et quatorze seraient revenues en Suisse (onze retours confirmés).