C'est dans le canton de Vaud que la hausse est la plus importante, selon les chiffres obtenus par la RTS. En 2016, le nombre d'enregistrements de données d'état civil de ressortissants britanniques en vue d'une naturalisation (ordinaire) s'est établi à 473, contre 276 personnes en 2015, soit une augmentation de 71% en un an.
Ce chiffre s'inscrit dans un contexte de hausse générale des demandes de naturalisation. Mais, à titre de comparaison, les enregistrements concernant les citoyens portugais et français n'ont progressé que de respectivement 33% et 30% l'année dernière. "L'intérêt pour la naturalisation se renforce davantage chez les Britanniques que parmi les nationalités qui pourvoient traditionnellement les plus grands contingents de naturalisés", note Frédéric Rouyard, responsable de la communication au Service vaudois de la population.
Plus de 60% d'augmentation à Genève
Un constat valable également au bout du lac. A Genève, le nombre de ressortissants britanniques désireux d'obtenir le passeport rouge à croix blanche est passé de 90 à 145 entre 2015 et 2016, ce qui correspond à une augmentation de 61%. Tous pays confondus, la moyenne cantonale est de 29%.
Les sujets de la reine Elisabeth sont moins nombreux dans les autres cantons romands. Mais tous, à l'exception de Berne, ont vu le nombre de demandes britanniques croître l'an dernier. Dans le canton du Valais, alors qu'un seul dossier avait été déposé en 2015, il y en a eu 26 en 2016.
Le Brexit, mais pas seulement
Pourquoi cet engouement? "L'insécurité liée à la situation dans le pays d'origine constitue toujours un facteur explicatif d'une hausse des demandes de naturalisation", souligne Etienne Piguet, professeur de géographie à l'Université de Neuchâtel. Mais le flou entourant l'issue des négociations sur le Brexit n'explique pas tout.
Les étrangers qui vivent en Suisse ne veulent pas prendre le risque de voir leur situation professionnelle devenir moins bonne.
Etienne Piguet met en avant l'incertitude qui règne depuis l'acceptation de l'initiative du 9 février 2014. "Les étrangers qui vivent en Suisse ne veulent pas prendre le risque de voir leur situation professionnelle devenir moins bonne, relève ce spécialiste des questions migratoires. Etablis dans le pays depuis des années, ils franchissent désormais le pas et entament les démarches administratives."
Dernier élément explicatif, l'entrée en vigueur, le 1er janvier 2018, d'une nouvelle loi qui restreint les conditions d'acquisition de la nationalité suisse. Les cantons de Genève et Vaud mènent d'ailleurs depuis plusieurs années une politique d'encouragement à la naturalisation.
Théo Allegrezza
Près de 700 Britanniques ont obtenu la nationalité suisse en 2016
Les demandes de naturalisations ne laissent rien présager de l'obtention in fine de la nationalité suisse. "Ces chiffres ne disent naturellement rien de la suite, du nombre d’éventuels abandons de la procédure par les candidats, ni des possibles refus des autorités communales, cantonales et fédérales", indique Frédéric Rouyard, responsable de la communication au Service de la population du canton de Vaud.
En 2016, 687 ressortissants britanniques ont obtenu la nationalité suisse, contre 617 en 2015, soit une hausse de 11%. Au total, le nombre de naturalisations a augmenté de 5% en Suisse l'an dernier.
Explosion en France et en Allemagne
Le phénomène prend une ampleur encore plus considérable si l'on passe la frontière. En France, 1363 Britanniques ont déposé un dossier complet en 2016, contre seulement 385 en 2015. Soit une hausse de 254% en un an, rapportait la semaine dernière Le Monde.
En Allemagne, les ressortissants du Royaume-Uni n'ont pas attendu l'issue du vote du 23 juin 2016 pour entamer les démarches. Le nombre de Britanniques ayant acquis la nationalité allemande a bondi de 361% en 2016, selon l'Office fédéral allemand des statistiques, qui souligne le "lien évident" avec le Brexit.