En Suisse, une grossesse sur quatre ne donne pas lieu à une naissance. En 2009, Virginie et Christophe ont été touchés par ce drame. Leur petite Elisa est décédée à la 21ème semaine de grossesse.
Ils ont conservé ses cendres dans une petite boîte, dans la cuisine. "Pour nous c'était important de l'avoir avec nous tout le temps", expliquent-ils.
Après l’accouchement, Virginie et Christophe sont restés une heure avec Elisa, pour la première et unique étreinte avec leur bébé.
"Le moment de la séparation, quand j'ai dû la donner, c'était très douloureux", se souvient Virginie en contenant ses larmes. "C'était horrible (...) de se rendre compte, après cette heure passée avec elle, que je n'avais plus de bébé."
On a pu se dire ce qu'on ressentait par rapport à ça seulement quelques mois après, avec le recul. Même si on pouvait en parler tout le temps, c'est difficile de s'en rendre compte et de mettre des mots sur ce qu'on ressent.
Pour se souvenir, les couples gardent souvent les traces matérielles de cette présence physique éphémère. Un faire-part, un doudou que l’on garde ou que l’on accroche sur une tombe.
"Un bébé qui naît, ça représente le futur"
"Un bébé qui naît, ça représente le futur, ça représente la vie, ça représente (...) les projections qu'on a sur lui. Et un bébé qui naît mort, ce sont tous ces projets qui se terminent avant d'avoir pu commencer", analyse Matthieu Zellweger.
Ce photographe romand a travaillé durant une année sur le deuil périnatal. Son reportage saisissant et pudique a été publié dans la revue scientifique The Lancet et dans le New York Times.
Matthieu Zellweger a appris au contact de ses sujets que chacun fait son deuil comme il peut. "Il y a des gens qui parlent, il y a des gens qui se taisent, il y a des gens qui préfèrent la solitude, il y en a qui préfèrent être entourés, c'est très variable", décrit-il.
Difficile travail de deuil
"Malgré le fait qu'on ait tenu [notre fille] dans nos bras physiquement, c'est une personne avec qui on n'a pas eu une très longue histoire", souffle Christophe.
C'est une personne qui n'a quasiment pas existé, et c'est aussi pour ça que c'est difficile de faire le deuil. Ce n'est pas quelqu'un qui vous manque...
Ce sont leur deux fils qui ont finalement donné à Virginie et Christophe la force d'avancer. Toujours accompagnés du souvenir d'Elisa.
Pierre Jenny / ptur