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"La moitié de mon coeur est restée à Nice", témoigne la mère d'une victime

Attentat de Nice: la douleur d'une mère un an après
Attentat de Nice: la douleur d'une mère un an après / 19h30 / 3 min. / le 13 juillet 2017
Le 14 juillet, Inès Gyger a une pensée pour sa fille Cristina et sa petite-fille Kayla, happées par un camion sur la promenade des Anglais à Nice en 2016. Elles font partie des 86 victimes de l'un des pires attentats jamais commis en France.

Sa voix ne se brise jamais. À peine une légère inflexion de temps à autre. Habitant Orbe, Inès Gyger s'apprête à commémorer pour la première fois la disparition de sa fille Cristina et de sa petite-fille Kayla. Mais elle a choisi de ne pas se rendre à Nice. "Chacun vit son deuil comme il le souhaite. La moitié de mon coeur a été arrachée et est restée là-bas, alors je n’ai rien à y faire", explique-t-elle.

Outre cette famille suisse et brésilienne établie à Yverdon, une Tessinoise est également décédée le 14 juillet 2016.

J'ai pitié pour l'homme qui a fait cela

Inès Gyger, mère d'une victime suisse

De ces trois journées interminables qu'elle a passées à chercher sa fille dans les hôpitaux de la ville, Inès conserve une question. "Si l'homme qui a fait cela était devant moi, je lui demanderais pourquoi il a visé des innocents. En quelque sorte, il s'en est sorti à bon compte puisqu'il est décédé. S'il avait fait face aux familles touchées, il aurait compris". Mais elle ne ressent pas de haine. "J’ai pitié pour lui", dit-elle.

"Des petits détails qui comptent"

Un an après cette nuit qui a changé sa vie et celle de toute sa famille, Inès se rend deux à trois fois par semaine au cimetière d'Yverdon-les-Bains où reposent Cristina et Kayla. "C’est automatique. Dès que je passe devant, je dois m’arrêter pour aller leur parler. Et leur souvenir est avec moi en permanence. Par exemple, ma fille aimait bien le papet vaudois. L'autre jour, j’en ai vu un et ça m'a pris à la gorge. Ce sont des petits détails mais qui comptent beaucoup".

Lorsqu'on lui demande d'où lui vient sa détermination à continuer son chemin, Inès réplique: "ce n'est pas une question de courage. C’est une situation que j’ai été obligée de vivre. Elle est irréversible. Mais je dois tenir, pour ma famille, pour mes deux autres petites-filles qui ont survécu à l’attentat". L’avenir, elle ne le voit pas très bien. "Je vis au jour le jour. Quand je me lève le matin, je demande à Dieu de me donner la force. C’est la foi qui me fait tenir".

Marc Allgöwer

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Cérémonies sans feu d'artifice

Quatre-vingt-six bougies allumées le matin, une pour chaque victime, puis 86 faisceaux illuminés le soir, une allocution solennelle du président Macron: Nice commémore vendredi l'attentat au camion bélier qui a ensanglanté la célèbre Promenade des Anglais le 14 juillet dernier.

La commémoration de Nice débutera par un office interreligieux fermé aux médias. A partir de 14h30 GMT, les familles endeuillées, ainsi que les personnels de sécurité et de secours qui ont vécu une nuit de cauchemar le soir de l'attentat, assisteront avec le chef de l’Etat à un défilé militaire, avant une cérémonie solennelle, retransmise sur grands écrans, jusqu'à 16h30 GMT.

Le président Emmanuel Macron a prévu de rencontrer en privé, "hors presse", les victimes et les familles.

Un concert ouvert au public est prévu le soir, mais aucun feu d'artifice n'est prévu dans le département des Alpes-Maritimes, en signe de deuil.

Un camion de 19 tonnes comme arme

Le soir de l'attentat, environ 30'000 badauds avaient afflué sur le front de mer pour assister au feu d'artifice traditionnel de la Fête nationale, souvent en famille.

Peu après 22h30, un camion de 19 tonnes s'engage sur ce boulevard emblématique de la Côte d'Azur, fonce sur la marée humaine, fauche tout sur son passage.

En moins de trois minutes, le poids-lourd conduit par un Tunisien de 31 ans fait 86 morts, dont 15 enfants, et plus de 450 blessés.

L'attaque a été revendiquée par le groupe État islamique, sans que l'enquête ne confirme une connexion avec le meurtrier, abattu au terme de sa course folle.