En théorie, Mauro Poggia est "en vacances". Mais cela ne l'a pas empêché de s'immiscer dans la campagne en vue de l'élection au Conseil fédéral, prévue en septembre.
Dans un post publié mardi matin sur son blog, il s'en prend au favori, Ignazio Cassis. "Son élection par un Parlement obnubilé par la seule origine cantonale serait non seulement une maladresse, mais la marque d'un souverain mépris pour une partie grandissante de notre population qui tolère de moins en moins les ronds de jambes que font nos politiques aux milieux économiques", écrit-il.
"Plus de transparence"
Dans le viseur du ministre genevois: les liens qu'entretient Ignazio Cassis avec le lobby des assureurs, lui qui est à la tête de Curafutura, l'une des faîtières. Contacté par la RTS, Mauro Poggia précise qu'il n'est pas contre une candidature tessinoise au Conseil fédéral, au contraire. "Mais je regretterais que le PLR ne propose que ce candidat-là", indique le conseiller d'Etat MCG.
Mauro Poggia dit s'exprimer en son nom, et non en celui du gouvernement genevois. "C'est le citoyen Poggia, qui se bat depuis 15 ans pour avoir plus de transparence, qui est inquiet", affirme-t-il, redoutant qu'Ignazio Cassis hérite du Département fédéral de l'intérieur. "L'expérience que j'ai eue en tant que conseiller d'Etat ne fait que renforcer ma conviction qu'on ne peut pas avoir des hommes proches du lobby des assureurs qui dirigent l'OFSP" (l'Office fédéral de la santé publique, ndlr)", ajoute-t-il.
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Ignazio Cassis se défend
Interrogé la semaine dernière dans l'émission Forum de la RTS, Ignazio Cassis s'était défendu de tout conflit d'intérêt avec les assureurs. "Dans notre Parlement de milice, chaque membre est censé avoir une activité professionnelle à côté, avait-il fait valoir. Je suis médecin, il est assez normal que je sois actif dans le système de santé. J'ai eu différents rôles et j'en ai toujours, dont celui-ci. Je ne l'ai jamais caché."
Le chef du groupe PLR aux Chambres fédérales avait également affirmé qu'il quitterait la présidence de Curafutura s'il est nommé comme candidat, le 1er août, lors de l'assemblée des délégués de son parti.
Toujours la semaine dernière, Ignazio Cassis avait reçu le soutien de l'ancien conseiller national Stéphane Rossini, pourtant d'ordinaire pas tendre envers les assureurs. Le socialiste valaisan avait déclaré au Temps ne pas comprendre qu'on puisse lui "chercher la petite bête".
Théo Allegrezza