La traite des êtres humains est définie par un recrutement par la force ou la duperie, un déplacement à partir d'un lieu d'origine et l'exploitation de la victime en profitant de sa vulnérabilité, explique vendredi sur les ondes de la RTS Denise Efionayi, directrice adjointe du Forum pour l'étude des migrations de l'Université de Neuchâtel.
En Suisse, les quatre condamnations depuis les changements législatifs de 2007 sont les seules qui ont abouti, mais l'ampleur réelle du phénomène n'est pas connue. "On pense que les chiffres noirs sont assez importants", indique l'universitaire, se basant sur les témoignages de praticiens et d'experts.
Un grand nombre de cas correspondant à une situation d'exploitation du travail ont été identifiés. Ils ne remplissent cependant pas tous les critères de la traite d'êtres humains. Face à ce problème, certains pays voisins, dont l'Allemagne, ont introduit un chef d'inculpation pour exploitation du travail.
Une pression psychologique
En Suisse, les domaines de la construction, des ménages privés, de l'hôtellerie ou de l'agriculture sont touchés. Peu de cas relèvent de la séquestration de force, précise Denise Efionayi. En général, les trafiquants exercent davantage une pression psychologique sur les victimes. "Ces menaces font que les victimes consentent à leur exploitation, ce qui est un grand problème au niveau juridique."
Par ailleurs, les victimes ne vont jamais d'elles-mêmes voir les forces de l'ordre et sont souvent isolées. En général, les cas de traite sont détectés grâce à des voisins qui réussissent à établir une relation de confiance avec les victimes, explique la spécialiste des migrations.
Comment connaître alors l'ampleur réelle de la traite d'êtres humains? Les 52 Etats de l'Assemblée parlementaire de la francophonie ont confié à la Suisse la mission de rédiger un rapport sur l'exploitation des migrants. Une mission que Denise Efionayi juge "très prometteuse", même si elle considère que les chiffres ne dévoilent en général qu'une part de la réalité.
tmun