La présidente de la Confédération n’envisage pas de quitter son département pour reprendre la tête des Affaires étrangères. "Si on change de département, il faut rester quatre à six ans parce que cela nécessite du temps et moi je suis à la fin de ma dernière législature", explique Doris Leuthard dans un entretien accordé à la RTS à l’occasion de la fête nationale. Elle quittera donc le Conseil fédéral au plus tard à la fin 2019.
D’ici là, l’Argovienne entend faire évoluer de manière significative les relations de la Suisse avec l’Union Européenne: son objectif est de mettre sous toit un accord-cadre qui chapeaute les relations avec Bruxelles d’ici la fin 2017.
En discussion depuis plusieurs années, cet accord est très attendu par l’UE mais sa négociation est un défi pour les autorités helvétiques.
Le spectre des "juges étrangers"
Au cœur des discussions, le mécanisme qui doit permettre d’arbitrer les litiges entre la Suisse et l’Union. L’UDC brandit le spectre de "juges étrangers" qui pourraient avoir le dernier mot.
"Nous savons très bien qu’en Suisse, les juges étrangers c’est devenu un point impossible. Les partis s’y opposent alors naturellement le Conseil fédéral ne va pas trouver une solution qui ne peut pas obtenir de majorité à l’interne de la Suisse", assure la présidente.
Linda Bourget/ptur
Pour Doris Leuthard, la cohésion nationale ne dépend pas de la présence d'un Tessinois au gouvernement
Invitée à s'exprimer sur la succession de Didier Burkhalter au Conseil fédéral, Doris Leuthard estime qu'il est "important que les minorités linguistiques se sentent à l'aise" et que leurs spécificités culturelles soient prises en compte au niveau du gouvernement (écouter dès 3'10).
Pour autant, elle ne croit pas que l'absence d'un(e) Tessinois(e) au Conseil fédéral soit une menace pour la cohésion nationale. Même si la Suisse italienne n'est plus représentée au gouvernement depuis 19 ans, Doris Leuthard souligne que Simonetta Sommaruga parle parfaitement l'italien, qu'elle-même maîtrise assez bien cette langue et connaît le Tessin. La présidente de la Confédération estime que les Sept sont "toujours sensibles à toutes les régions, à toutes les langues et à toutes les cultures".
"Naturellement, c'est toujours un souhait pour un canton ou une région d'avoir des représentants au sein des Sept" mais "le Conseil fédéral, ce ne sont pas des représentants des cantons et des langues, ce sont des représentants de la population", relève-t-elle. La balle est de toute façon dans le camp du Parlement qui, elle n'en doute pas, "élira la personne adéquate".