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"Il faudra 244'000 professionnels de la santé supplémentaires d'ici 2030"

Une personne de plus de 96 ans coûte en moyenne plus de 100'000 francs par an au système de santé suisse. [Keystone - Marijan Murat]
Camille-Angelo Aglione analyse les coûts médicaux en fin de vie / Le Journal du matin / 11 min. / le 4 août 2017
La fin de vie coûte cher en Suisse, selon plusieurs études. Or, le défi n'est pas de réduire les prestations aux plus âgés, mais de répondre aux besoins en personnel de santé, estime un responsable de Curaviva.

Les frais médicaux lors de la dernière année de vie d'une personne en Suisse sont pratiquement dix fois plus élevés que les coûts de santé habituels, selon une série d'étude basées sur les données des caisses maladie, publiée jeudi par le Fonds national suisse (FNS).

>> Lire : La dernière année de vie des hommes coûte plus cher que celle des femmes

Ainsi, les Suisses seraient, en théorie, prêts à payer en moyenne 100'000 francs pour prolonger une vie d'une année, et 200'000 pour une année en bonne santé. Mais pour une personne de plus de 70 ans, ils ne seraient prêts à débourser que 55'000 francs.

Moins de prestations pour les aînés?

Les aînés sont-ils donc considérés comme un fardeau? "Dès le moment où l'on s'interroge sur les coûts de la santé, on peut se dire que l'on va essayer de réduire les prestations aux personnes les plus âgées ou les plus malades", estime Camille-Angelo Aglione, responsable adjoint de l'Association des homes et institutions sociales suisses Curaviva, dans le Journal du matin de la RTS vendredi. Ce type de réflexion serait pourtant "une dérive" à son sens.

Ressources en personnel limitées

"La vraie question, ce n'est pas de savoir si on va poser ou pas une prothèse de hanche ou un "stent" à partir de tel ou tel âge pour économiser des bouts de ficelle", estime Camille-Angelo Aglione. Pour lui, le défi est de faire travailler ensemble les hôpitaux, les soins communautaires et les homes, de passer d'une logique de consommation des soins à "une logique de réseau, où l'on gère le capital santé".

Il faudra trouver l'équivalent des villes de Genève et de Fribourg en personnel de santé à l'horizon 2030.

Camille-Angelo Aglione, responsable adjoint du domaine spécialisé personnes âgées de CURAVIVA Suisse

"En Suisse, on n'a pas vraiment un problème de limitation des ressources. On est plutôt gâtés, on a de l'argent. La première limite qui va arriver, c'est celle des ressources en personnel: il faudra 244'000 personnes en plus d'ici 2030 dans le domaine de la santé", a-t-il souligné.

jvia

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Des coûts plus importants en Suisse romande

La série d'études présentée par le FNS montre aussi que la fin de vie coûte plus cher en Suisse romande qu'en Suisse alémanique. "Les Romands ne coûtent pas plus cher. Ce sont les coûts générés par les Romands pour les assureurs maladie qui sont plus élevés. Or, il se trouve que l'assurance paie une minorité des coûts lorsque la personnes se trouve en EMS ou qu'elle est prise en charge par les soins communautaires. Et en Suisse romande, on a particulièrement développé les soins communautaires", nuance Camille-Angelo Aglione.