"La Suisse ne doit pas seulement réduire ses émissions de gaz à effet de serre; elle doit se préparer aux changements climatiques afin de minimiser les risques", a déclaré lundi devant la presse Marc Chardonnens, directeur de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). Car les dégâts sont déjà là: fonte des glaciers, flancs de montagne instables, canicules à répétition, pénuries d'eau, etc.
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Le changement climatique constitue un défi pour toute la société, poursuit le responsable. Car la hausse des températures n'affecte pas seulement l'environnement, mais aussi l'économie et toute la société.
La Confédération coordonne les mesures d'adaptation et met à disposition les bases ainsi que le savoir nécessaire pour s'adapter à cette évolution. "Comme les effets varient d'une région à l'autre, les cantons, les régions et les communes ont un rôle important à jouer", rappelle Marc Chardonnens.
Analyse des risques
L'OFEV a donc lancé une analyse des risques avec huit cantons afin de cerner les impacts régionaux des changements climatiques. Les résultats seront présentés à la fin de l'année. La Confédération a aussi initié en 2013 un programme pilote qui montre, à l'aide de 31 projets concrets, comment la Suisse peut s'adapter.
Quatre projets ont été présentés aux médias à Berne, Liestal (BL) et Jussy (GE). Ces travaux ont suscité une dynamique et sensibilisé les autorités à la nécessité d'agir. Plusieurs cantons, régions et communes ont élaboré leurs propres stratégies. Les 31 projets portent sur les pénuries d'eau, les dangers naturels, les écosystèmes, l'utilisation des terres, le développement des villes, le transfert des connaissances et les questions de gouvernance.
Plans canicules salutaires
L'Institut tropical et de santé publique a par exemple montré les effets des fortes chaleurs sur les populations vulnérables. Le Tessin et plusieurs cantons romands ont ainsi élaboré des mesures après l'été 2003. La mortalité liée à la canicule a diminué dans les villes qui ont bénéficié de ces plans cantonaux.
Le canton de Bâle-Campagne s'est lui penché sur la gestion des eaux de surface lorsque les débits sont bas, que la température des cours d'eau augmente et que les besoins en eau sont élevés. Il a élaboré vingt mesures qui promeuvent l'infiltration des eaux de pluie et la revitalisation des cours d’eau, notamment.
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ats/jgal
Une hausse de 2 degrés en un siècle
La Suisse est particulièrement touchée par le réchauffement climatique. Depuis le début des mesures en 1864, la température moyenne a augmenté de 2 degrés, soit plus du double de la hausse moyenne mondiale (0,9 degré). Avec un réchauffement global moyen contenu à 2 degrés, comme le prévoit l'Accord de Paris sur le climat, la température en Suisse pourrait encore augmenter de 1 à 3 degrés d'ici à 2060.
La réduction massive des gaz à effet de serre au niveau mondial est l'instrument prioritaire pour lutter contre le réchauffement. Dans le cadre de l'Accord de Paris, la Suisse s'est engagée à réduire les émissions de 50% par rapport à 1990 d'ici à 2030.