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Déception romande et féminine après l'élection d'Ignazio Cassis

Les parlementaires ont choisi Ignazio Cassis comme prochain conseiller fédéral. [Keystone - Peter Schneider]
Les parlementaires ont choisi Ignazio Cassis comme prochain conseiller fédéral. - [Keystone - Peter Schneider]
La joie des Tessinois, la déception des Romands et des femmes, le sans-faute du PLR, les craintes de la gauche et les attentes de l'UDC, l'élection d'Ignazio Cassis au Conseil fédéral n'a laissé personne indifférent mercredi.

Les Tessinois: la joie

Le conseiller d'Etat tessinois Norman Gobbi, qui avait fait le déplacement de Berne mercredi, a résumé la joie de tout un canton en qualifiant l'élection d'Ignazio Cassis de "jour de fête pour le Tessin" qui ouvre la voie à "une meilleure prise en compte des intérêts tessinois à Berne".

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Le gouvernement cantonal a dans la foulée publié un communiqué dans lequel il fait état de sa "grande joie" et applaudi l'intégration des minorités dans les processus politiques. Son président Manuele Bertoli s'est dit persuadé que l'élu se mobilisera avec sérieux pour le Tessin.

L'ancien président du PLR Suisse Fulvio Pelli s'est dit "extrêmement heureux", car il y a maintenant une nouvelle voix sur les thématiques des frontaliers, de la migration, des régions frontalières et des relations avec l'Italie.

La population de Montagnola, le village d'Ignazio Cassis, a aussi fait la fête après l'élection et une importante délégation était aussi présente dans la capitale pour fêter son conseiller fédéral.

Isabelle Moret et Pierre Maudet: bilans positifs

Interrogée sur sa défaite, Isabelle Moret a dressé un bilan positif de sa campagne. "J'ai acquis du respect auprès de mes collègues", a estimé la Vaudoise. "Grâce à ma candidature, la question des femmes va à nouveau se poser", a-t-elle ajouté.

Isabelle Moret se pose en "pionnière" pour les femmes
Isabelle Moret se pose en "pionnière" pour les femmes / L'actu en vidéo / 1 min. / le 20 septembre 2017

Pierre Maudet a dit ressentir un "sentiment de déception, mais de force". Et le candidat genevois de citer Nelson Mandela: "Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends." "En six semaines de campagne, j’ai beaucoup appris, sur mon pays, sur son avenir et sur moi-même", a conclu le conseiller d'Etat.

Pierre Maudet dit avoir "beaucoup appris" dans cette campagne
Pierre Maudet dit avoir "beaucoup appris" dans cette campagne / L'actu en vidéo / 2 min. / le 20 septembre 2017

Les Suisses romands: la déception

D'une manière générale, les politiciens romands ont aussi exprimé leur déception après le choix de ne pas élire Isabelle Moret ou Pierre Maudet. Présents à Berne, les conseillers d'Etat genevois et vaudois ont notamment fait part de leur déception, à l'image de François Longchamp et Jacqueline de Quattro. Le conseiller national genevois Guillaume Barazzone a aussi exprimé sa déception pour son canton.

"Le Parlement fédéral voulait un Tessinois. Il l'a clairement exprimé", a réagi pour sa part Frédéric Borloz, président du PLR Vaud. Pour lui, la non-élection d'Isabelle Moret constitue "bien sûr une déception". Mais vu la détermination des Tessinois, "c'était de toute façon difficile pour les autres candidats de passer le cap.

Les femmes: un conservatisme dénoncé

Regula Rytz, la présidente des Verts, dont le parti défendait Isabelle Moret, a souligné que le PLR a un problème avec les femmes. "Depuis 1848, 69 hommes ont été élus au Conseil fédéral et seulement une femme. Seule l'UDC est plus conservatrice", écrit-elle.

Même son de cloche du côté de l'élue vert-libérale Isabelle Chevalley, à la fois déçue pour les femmes et le canton de Vaud.

La conseillère nationale Silvia Semadeni est pour sa part hésitante: heureuse pour Ignazio Cassis en tant que Tessinoise, mais jugeant qu'il aurait été important pour elle d'élire une femme.

Les femmes PLR ont elles salué la campagne de la Vaudoise.

Le camp PLR: le sans-faute

De l'avis général, le PLR a réussi un sans-faute en faisant élire le candidat qu'il désirait. Le vice-président Christian Lüscher estime ainsi que son "parti a fait tout juste":

Christian Lüscher. [Keystone - Anthony Anex]Keystone - Anthony Anex
Election d'Ignazio Cassis au Conseil fédéral: "Notre parti a fait tout juste", relève Christian Lüscher, vice-président du PLR, après l'élection d'Ignazio Cassis au Conseil fédéral / Emission spéciale info / 2 min. / le 20 septembre 2017

Le PLR s'est aussi félicité du résultat dans un communiqué: "Par ce vote, l'Assemblée fédérale montre l'importance qu'elle accorde à la représentation linguistique et culturelle de la Suisse. Avec le Tessinois, le gouvernement gagne un membre compétent et expérimenté qui mettra tout en œuvre pour défendre les intérêts de la Suisse et répondre aux défis de notre pays."

La présidente Petra Gössi s'est de son côté félicitée que le couperet soit déjà tombé au 2e tour. Le résultat de vote relativement serré montre en outre que les candidatures d'Isabelle Moret et de Pierre Maudet n'ont pas servi d'alibis.

Pour le conseiller national valaisan Philippe Nantermod, Ignazio Cassis est un vrai libéral, une personnalité à Berne, avec des réseaux, apprécié et qui connaît bien les dossiers et les gens.

La gauche: entre craintes et résignation

Le Parti socialiste regrette qu'il y ait toujours aussi peu de femmes au Conseil fédéral. Pour ce faire, il aurait fallu présenter un ticket à deux femmes.

Le président du parti Christian Levrat ne s'attend toutefois pas à une modification fondamentale de la ligne politique du Conseil fédéral: "Il y aura un changement du vocabulaire et une communication plus offensive, mais pas de grande évolution."

D'autres représentants de la gauche se montrent plus critiques, à l'image du conseiller national socialiste Jean Christophe Schwaab, qui pense que c'est une belle année pour les assurances et une moins bonne pour les assurés.

Son collègue genevois Manuel Tornare est tout aussi déçu: "Ignazio Cassis est l'homme lige de l'UDC et va changer les équilibres au Conseil fédéral." D'après lui, le Tessinois n'est ni bon pour le social, ni bon pour les liens avec l'UE ou la question de l'immigration. Avant d'ajouter: "Ce qui me gêne aussi: sa proximité avec certains lobbies économiques. En Suisse, on n'appelle pas ça de la corruption, mais moi je l'appelle ainsi."

"Ignazio Cassis pourrait décevoir en bien", a toutefois conclu le conseiller national écologiste Daniel Brélaz.

L'UDC: retour d'ascenseur attendu

Pour le président de l'UDC Albert Rösti, si le Tessinois a été élu, c'est notamment grâce aux voix de l'UDC et "j'espère qu'il ne l'oubliera pas". Le fait qu'Ignazio Cassis soit d'un canton frontalier peut aussi être favorable à certains dossiers comme l'asile, la migration ou les relations avec l'Union européenne, a estimé le Bernois.

La droitisation du Conseil fédéral était souhaitée par l'UDC et reflète la volonté des Suisses, a noté le conseiller national Yves Nidegger. D'après le Genevois, le nouvel élu est toutefois assez indépendant et bon manoeuvrier pour ne "pas rouler pour l'UDC", parce que le parti l'a majoritairement soutenu.

PDC: le respect de la collégialité

Le PDC se félicite du retour d'un Tessinois au Conseil fédéral. Il attend du nouvel élu Ignazio Cassis qu'il s'engage pour le bien de la Suisse, se tienne au principe de collégialité, dépasse les clivages partisans et soit un bâtisseur de ponts.

"On est content que ce soit passé rapidement avec une unité claire pour que la Constitution soit respectée", a déclaré Filippo Lombardi (PDC/TI). "C'est important pour l'ensemble de la Suisse".

Frédéric Boillat avec ats

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