Les médecins ne sont plus les seuls tenants de l'action humanitaire. Experts en psychiatrie, médecine légale pour identifier les morts, travaux pour réunir les familles: les métiers de la Croix-Rouge se diversifient toujours plus, a expliqué de directeur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) vendredi dans le journal de 12h30 de la RTS.
"Paradoxalement, l'humanitaire n'est pas toujours le bienvenu, explique Yves Daccord, par exemple en Syrie, au Sud-Soudan, au Yémen, en Somalie, en Libye, en Afghanistan. L'accès aux populations reste aujourd'hui compliqué."
Du wifi avant l'eau potable
Et quand les humanitaires y parviennent, ils se heurtent parfois à de nouveaux besoins. "De plus en plus de personnes nous demandent du wifi avant même d'avoir de l'eau. Nous devons les écouter, accepter que la personne en face, même en situation extrême, ait des besoins qui évoluent."
Une organisation comme le CICR doit également se tourner vers de nouveaux soutiens financiers ou diplomatiques tels que la Russie, la Chine ou l'Iran. Un dialogue à tisser avec les Etats mais aussi avec l'ensemble des parties d'un conflit pour s'assurer du respect de la neutralité du CICR.
L'humanitaire ciblé de manière systématique
"Les travailleurs humanitaires sont aujourd'hui ciblés de manière beaucoup plus systématique", constate Yves Daccord. Dans certains contextes, les partis au conflit choisissent dès le début du conflit de mettre sous pression le système de santé, les médecins, les patients, les hôpitaux, pour effrayer les populations et augmenter le contrôle."
Le directeur général de la Croix-Rouge voit plus loin: il faut que les sociétés retrouvent certaines valeurs délaissées.
Recréer des tabous
"Auprès de l'opinion public, la tabou autour du fait d'attaquer un hôpital a sauté. Il faut recréer ces tabous, chaque individu doit penser qu'une chose pareille est impossible."
A titre d'exemple, au cours des 18 derniers mois, 155 structures hospitalières ont été attaquées au Yémen, dont le système de santé est aujourd'hui débordé et peine à faire face à une grave épidémie de choléra.
Cédric Guigon/kkub