En 2016, plus de 500 requérants d’asile mineurs non accompagnés ont disparu en Suisse
Au total, environ 5000 migrants mineurs non accompagnés résident en Suisse. Mais malgré le dépôt d'une demande d'asile en Suisse, des centaines de mineurs non accompagnés décident de (re)devenir clandestins ou de reprendre la route sans en avertir les autorités fédérales ou cantonales.
Ces départs non contrôlés ne cessent d'augmenter, environ 6 fois plus entre 2015 et 2016, comme le montrent des chiffres du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), et inquiètent les spécialistes de la protection de l'enfant.
Les concernés ont parfois plus de 18 ans selon cette statistique, car c’est l’âge au moment du dépôt de la demande qui fait foi pour être considéré comme mineur.
Ainsi Valentina Darbellay, cheffe de projet à Terre des hommes, qui s'exprime au nom de l'alliance pour le droit des enfants migrants, a estimé dans La Matinale mardi "qu'il y a un risque très fort que ces jeunes disparus se retrouvent dans des trafics illégaux ou qu'ils sombrent dans la délinquance".
Disparités cantonales
Quant au signalement de ces disparitions à la police et à leur suivi, les pratiques varient d'un canton à l'autre, au risque de violer la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, a encore relevé Valentina Darbellay: "Pour nous, il est choquant qu'on puisse discriminer les enfants migrants qui ne sont pas signalés à la police par rapport aux enfants non migrants".
Ce sentiment est partagé par la conseillère nationale verte Lisa Mazzone qui a déjà déposé une motion sur ce problème: "Un enfant, qu'il soit migrant ou résidant en Suisse, doit être protégé et la Confédération doit garantir sa protection".
Pour mieux protéger les enfants migrants, la société civile appelle donc les autorités à une gestion harmonisée de ces disparitions.
Hausse relativisée
Le secrétariat d'Etat aux migrations reconnaît le problème, mais relativise son ampleur: la hausse de ces disparitions de mineurs serait proportionnelle au nombre élevé de requérants d'asile qui séjournent actuellement en Suisse.
Quant à la question des disparités cantonales, le SEM compte bien harmoniser les pratiques en la matière, comme l'a déclaré Lukas Rieder, porte-parole du SEM, dans La Matinale.
"Nous sommes conscients qu'il y a des pratiques divergentes entre les cantons, c'est pourquoi le SEM analyse en ce moment ces questions encore ouvertes, avec pour objectif d'avoir au final si possible des pratiques unifiées".
A noter encore que depuis le début de cette année, le SEM a déjà enregistré la disparition de 310 requérants d'asiles mineurs non accompagnés.
Marc Menichini/lan