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Les moniteurs d'auto-école s'opposent à la réforme du permis deux phases

Conduire une voiture à boîte manuelle en étant uniquement détenteur du permis pour automatique pourrait devenir possible en Suisse. [Keystone - Christian Beutler]
Les moniteurs d’auto-école s’opposent au permis de conduire à 17 ans / La Matinale / 1 min. / le 6 octobre 2017
La Confédération veut rendre le permis voiture plus attractif et plus accessible financièrement. Mais les moniteurs d'auto-école se sont opposés jeudi à la réduction de la formation continue obligatoire.

Les moniteurs d'auto-école s'opposent à la réforme du permis voiture mise en consultation par l'Office fédéral des routes (OFROU).

L'Association suisse des moniteurs de conduite (ASMC) parle de "pseudo propositions, de travail bâclé et de gribouillis". Ses membres ne comprennent pas pourquoi l'OFROU veut autoriser la conduite dès 17 ans, mais aussi réduire la formation continue obligatoire après l'obtention du permis.

"Explosion de dangers"

A l'avenir, jusqu'à 40'000 conducteurs inexpérimentés, âgés de 17 ans, se verraient ainsi "lâchés sur des routes déjà engorgées". Il s'agit d'une "explosion de dangers" qui peut provoquer davantage d'accidents, a prévenu jeudi le président de l'ASMC Urs Fasel.

Dans leur prise de position, les moniteurs estiment qu'il faut au contraire renforcer l'instruction. "Si vous additionnez les heures de conduite minimum à faire, en pratique ou en théorie, avant ou après l'obtention du permis, il y en aura moins avec la proposition de l'OFROU que maintenant. On a de la peine à nous faire croire qu'on sera mieux formés avec moins d'heures!" a insisté le vice-président de l'ASMC Pierre-André Tombez dans La Matinale de la RTS vendredi.

On n'a pas envie d'avoir des permis attractifs! On veut que ceux qui ont le permis soient en sécurité

Pierre-André Tombez, vice-président de l'Association suisse des moniteurs de conduite

Un système qui a fait ses preuves

Pour les moniteurs de conduite, le système actuel a fait ses preuves. Et les statistiques montrent que le nombre de jeunes conducteurs victimes d'accidents de la route a baissé.

La Confédération estime pourtant que la formation à la conduite doit être revue, en tenant compte de l'expérience accumulée depuis la dernière révision en 2005. Objectif: rendre le permis plus attractif et moins cher.

"Mais on n'a pas envie d'avoir des permis attractifs! On veut que ceux qui ont le permis soient en sécurité", réagit Pierre-André Tombez.

La consultation, lancée en avril, se termine le 26 octobre.

jvia, avec Rouven Gueissaz et ats

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Les mesures mises en consultation

Selon l'OFROU, les jeunes de 17 ans doivent être autorisés à prendre le volant, accompagnés, afin de gagner en expérience. L'examen pratique de conduite ne resterait possible qu'à partir de 18 ans.

La formation de conducteur se ferait toujours en deux étapes, permis à l'essai durant 3 ans compris, comme c'est le cas depuis 2005. Mais la formation continue obligatoire serait réduite de deux jours à un seul.

Les moniteurs de conduite exigent que le deuxième jour soit maintenu. Ils admettent en revanche que le contenu de l'enseignement doit être amélioré.

Plus de 625 millions dépensés pour valider les permis deux phases

Une fois l'examen pratique réussi, chaque nouveau conducteur est tenu de suivre dans les trois ans deux journées de cours de perfectionnement pratique et théorique, sous peine de se voir retirer son sésame.

Selon une estimation effectuée par la RTS à l'occasion des dix ans du permis deux phases en 2015, les cours "L2" auraient coûté un total de 566'869'800 francs aux nouveaux conducteurs (et à leurs parents) entre 2006 et 2014, si l'on considère que chaque permis réussi a engendré une dépense de 700 francs au profit des 42 organisateurs de cours alors accrédités.

Ce chiffre se monterait aujourd'hui à plus de 625 millions de francs (906'274 permis réussis entre 2006 et fin 2016). L'estimation ne prend toutefois pas en compte les quelque 12'100 annulations de permis probatoires survenues sur cette période, car nous ne sommes pas en mesure de savoir si un ou les deux cours avaient déjà été suivis par le titulaire ou non.