Avec la digitalisation croissante, les transports publics sont confrontés à des défis multiples, dont la vente des titres de transport. Le problème est que les solutions développées présentent presque toujours l'inconvénient de tracer les voyageur, en enregistrant les données de géolocalisation de l'utilisateur.
C'est pourquoi le secteur planche actuellement sur un SwissPass anonymisé pour les clients qui souhaitent préserver leur sphère privée, a expliqué la responsable du secteur voyageur Jeannine Pilloud, dans une interview parue jeudi dans le Tages-Anzeiger et le Bund.
"Chaque carte contiendrait une puce électronique sans que son utilisateur doive nécessairement être enregistré", décrit Jeannine Pilloud. Lors du contrôle des titres de transport, l'employé reconnaîtrait le type de carte.
"Quelques secondes, dans l'idéal"
Le projet est déjà "bien avancé", selon la responsable. Mais aucune décision n'a encore été prise ni aucun test pilote effectué. La condition est de développer une solution pour les 244 prestataires de transports publics.
La nouvelle technique projetée nécessite un écran et un appareil de lecture de carte. Le client devra y choisir sa destination, apposer son SwissPass puis sa carte bancaire. Dans l'idéal, l'opération devrait durer "quelques secondes".
Les transports publics développent déjà d'autres pistes dans le domaine de la vente des titres de transport. Il y a notamment l'App qui permettra de s'enregistrer avant le départ, voyager en train ou en bus et payer à la fin de son trajet. L'App, valable dans toute la Suisse, suit l'itinéraire et calcule automatiquement le coût du voyage.
Tablettes à la place des automates
Il est également question de mettre en place des tablettes dans des stations et des gares. Ces appareils n'imprimeront plus de billets, mais serviront seulement à charger électroniquement un SwissPass.
Toutes ces nouvelles fonctionnalités impliquent d'enregistrer les allées et venues de l'utilisateur, un traçage qui ne plaît pas à tout le monde. "Nous prenons au sérieux ce genre de préoccupation", assure Jeannine Pilloud.
Certains clients préféreront continuer d'acheter anonymement leur billet au guichet ou à l'automate. Toutefois, ces machines sont chères et la branche aimerait bien les remplacer par des solutions plus avantageuses.
ats/kkub avec Thibaut Schaller
Le SwissPass au coeur des critiques
Depuis son lancement en 2015, le SwissPass a fait couler beaucoup d'encre. En matière de sphère privée tout d'abord, le préposé à la protection des données a estimé que les CFF récoltaient des informations sur les clients sans base légale, une pratique que l'ex-régie fédérale a depuis abandonné.
Il y a eu également la polémique sur la lenteur des appareils de contrôle, et celle sur le renouvellement tacite et automatique de l'abonnement. Les CFF ont dû reculer sur ce point-là et avertissent désormais leurs clients.
Eteindre la principale polémique
Il y a même eu des reproches en matière de santé publique. Alors que précédemment, l'abonnement général était contrôlé d'un regard, aujourd'hui le contrôleur s'empare de chaque abonnement pour le faire passer sur sa machine - de quoi propager la grippe d'un pendulaire à tout un wagon, selon certains spécialistes.
Si le SwissPass semble une source intarissable de discussion, les CFF tentent aujourd'hui d'éteindre le principal reproche, celui ayant trait à la protection des données.