Le Conseil fédéral ne prend pas le harcèlement obsessionnel ("stalking") à la légère. A la mi-octobre, il remettait au Parlement un projet de loi visant à mieux protéger les victimes. Un peu plus d'un mois plus tard, la Confédération organisait ce mardi une conférence sur la question.
Dans son rapport, le gouvernement décrit le stalking comme comprenant "toutes les formes répétées et durables de persécutions, harcèlement ou menaces qui sont perçus par la victime comme non désirés et qui provoquent en elles la peur ou l'inquiétude".
Maribel Rodriguez, cheffe du Bureau de l'égalité entre les femmes et les hommes du canton de Vaud, conseille aux personnes qui s'estiment victimes de harcèlement obsessionnel de suivre cinq points bien précis.
1. Ne pas minimiser le harcèlement
Dans la majorité des cas de harcèlement obsessionnel, explique Maribel Rodriguez, les personnes connaissent leur agresseur, ce qui peut amener les victimes à sous-évaluer la gravité de l'acte.
"Le premier réflexe à avoir est de ne pas minimiser. En général, le processus de stalking est long et peut durer plusieurs années. Il s'intensifie dans le temps et peut conduire à des cas de violences physiques."
2. Confronter le harceleur
Dans un deuxième temps, il faut annoncer clairement au harceleur que sa démarche n'est pas souhaitée. "C'est aussi recommandé de le faire devant témoins", précise la spécialiste.
Peut-on imaginer d'envoyer quelqu'un d'autre le faire à sa place? "Oui, c'est une solution. Néanmoins, il est préférable que la victime fasse la démarche elle-même afin que le message soit clairement entendu et qu'il n'y ait pas d'équivoque."
3. Interrompre toute communication
Après avoir confronté son agresseur, Maribel Rodriguez conseille de couper tout contact afin de ne pas nourrir de faux espoirs. "Le harceleur est souvent motivé par un souhait d'établir une communication avec le harcelé."
Se défendre physiquement est possible, mais attention à bien évaluer la situation: "Si c'est une solution d'autodéfense face à un risque objectif, pourquoi pas. Sinon, cela devient au contraire un cas d'agression."
4. Récolter les preuves
Il est ensuite primordial de récolter des preuves, tels que des SMS ou des lettres, qui vont servir à la démarche judiciaire: "On est souvent tenté d'effacer ces messages pour se libérer l'esprit, mais il ne faut surtout pas le faire."
Sachant qu'il est interdit en Suisse d'enregistrer ou de prendre quelqu'un en photo à son insu, doit-on renoncer à certaines preuves? "Non, c'est quand même conseillé de le faire. Le juge pondérera la volonté de la personne de pouvoir se défendre et d'apporter des preuves."
5. Tenir un journal des harcèlements
Le dernier point avant d'entamer une procédure judiciaire comprend le recueil des événements: "Il faut tenir un journal des harcèlements, avec les dates, les faits et les lieux, afin de pouvoir étayer (...) Il faut aussi chercher de l'aide et bien se documenter. Si on suit un processus juridique, il faudra être au clair sur ce qu'il faut apporter et les différentes étapes à traverser. Il faut aussi être conscient des frais d'avocat."
A noter que la personne harceleuse risque des sanctions allant de la simple amende jusqu'à l'incarcération, en passant par des mesures d'éloignement. "C'est-à-dire empêcher la personne harceleuse d'approcher la victime par une simple interdiction de périmètre, soit par l'introduction d'un bracelet électronique".
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Propos recueillis par Didier Bonvin
Texte web: hend