Cette visite fait suite à une requête de l’armée birmane début 2017. Ces militaires de haut rang ont fait part de leur intérêt pour le fédéralisme suisse. Leur demande a été acceptée par la Suisse, indique mardi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
"Cela n'est bien évidemment pas acceptable", affirme Alain Bovard mercredi. "Je pense, et Amnesty sera derrière moi, qu'au moment où la crise a éclaté (fin août 2017, ndlr) et quand on a vu l'ampleur des atrocités et des violations des droits de l'homme commises par les troupes du Myanmar, le DFAE aurait dû annuler cette visite."
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Les civils victimes d'une "vengeance"
"Il y a une vengeance de la part de l'armée birmane vis-à-vis d'un mouvement d'opposition armée qui a, certes, commis lui aussi des exactions", estime le porte-parole d'Amnesty Suisse dans La Matinale sur RTS La Première. Cette vengeance s'abat "sur la population civile", "ce qui est totalement inadmissible", déplore-t-il.
Pour Alain Bovard, la Suisse devrait discuter avec des interlocuteurs civils et non des militaires. "Je ne parle même pas de (la prix Nobel de la paix) Aung San Suu Kyi, qui on le sait est très contrôlée, mais peut-être que d'autres membres du gouvernement civil auraient pu être des partenaires fréquentables", relève-t-il.
"Crimes contre l'humanité" ou "violences armées"?
Amnesty International, qui dénonce dans un rapport publié mercredi des crimes contre l'humanité à l'encontre des musulmans rohingyas en Birmanie (voir ci-dessous), demande notamment au Conseil de sécurité des Nations unies de prononcer un embargo total sur les livraisons d'armes et de munitions à l'armée birmane.
Alors que le DFAE se refuse à utiliser le terme de "crimes contre l'humanité" en Birmanie, préférant évoquer des "violences armées", Alain Bovard estime que cette prudence langagière est "de la langue de bois diplomatique". "Il faut appeler les choses par leur nom", conclut-il.
>> L'intégralité de l'interview d'Alain Bovard:
Propos recueillis par Coralie Claude
Texte web: Didier Kottelat
Une répression "systématique, planifiée et impitoyable"
La communauté internationale doit "passer à l'action" pour mettre fin à la campagne de répression "systématique, planifiée et impitoyable" de l'armée birmane contre les Rohingyas, a estimé mercredi Amnesty international.
L'ONG évoque la "pire crise des réfugiés" dans la région depuis des décennies. D'après les derniers chiffres des Nations unies, 582'000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie depuis le 25 août, pour se réfugier au Bangladesh voisin.
La crise a débuté quand les rebelles de l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA), dénonçant les mauvais traitements subis par la minorité rohingya en Birmanie, ont attaqué des postes de police fin août entraînant une répression sévère de l'armée.