La Suisse est la championne de la stabilité politique. C'est le constat dressé par le baromètre électoral SSR réalisé par l'institut Sotomo à mi-mandat des élus fédéraux et à deux ans des élections fédérales d'octobre 2019.
Alors que leurs voisins - notamment les Français - ont profondément renouvelé leur législatif cette année, la grande majorité des Helvètes resteraient fidèles au choix qu'ils avaient opéré lors des élections fédérales de 2015 s'ils devaient retourner aux urnes.
Ainsi, 81% des personnes sondées par Sotomo ont affirmé qu'elles voteraient aujourd'hui pour le même parti que celui pour lequel elles ont opté il y a deux ans. Parmi les électeurs interrogés, 37% se disent "très satisfaits" de la décision prise à l'époque, 47% "plutôt satisfaits", tandis que 11% regrettent légèrement leur vote de 2015 et 4% le regrettent entièrement.
Les Verts, les Vert'libéraux et le PLR en légère progression
Conséquence sur les intentions de vote actuelles: les avancées ou pertes de terrain des différents partis s'avèrent modestes, rapporte le baromètre électoral.
Trois partis progressent tout de même par rapport à 2015: les Verts (+1 point), les Vert'libéraux (+0,8 point) et le PLR (+0,7 point). En revanche, les autres formations principales, à savoir le PS (-1,1 point), l'UDC, le PDC et le PBD (-0,7 point), convaincraient moins d'électeurs aujourd'hui.
Evolution des enjeux politiques jugés décisifs
Chez les électeurs sondés, les changements de vote s'expliquent majoritairement par l'évolution de leurs préoccupations depuis 2015 (29%) ou le fait que l'ancien parti ne représente plus leur opinion d'aujourd'hui (29%).
Le PS perd essentiellement des voix au profit des Verts et d'autres petites formations de gauche, principalement parce que les électeurs volatiles estiment que leurs préoccupations ont changé. Les Vert'libéraux profitent pour leur part de voix perdues par le PLR et les socialistes, alors que les libéraux-radicaux gagnent des électeurs chez les déçus de l'UDC, selon l'enquête de Sotomo.
Quant au PDC, sa nouvelle ligne "bourgeoise-sociale" n'est pas en cause dans sa perte d'électeurs. Les démocrates-chrétiens perdent principalement des voix parce que le parti n'aborde pas suffisamment les nouveaux problèmes jugés décisifs, précise le baromètre.
En terme de popularité, le plus ancien des présidents de parti, le socialiste Christian Levrat, s'avère être le plus connu par les électeurs sondés. Seuls 2% des répondants ignoraient qui il était. Suivent l'UDC Albert Rösti (inconnu pour 5% des sondés), puis la PLR Petra Gössi (7%), le PDC Gerhard Pfister (10%), le PBD Martin Landolt (13%), la Verte Regula Rytz (14%) et le fraîchement élu président des Vert'libéraux Jürg Grossen (25%).
La migration en tête des préoccupations
Interrogés sur les problèmes qu'ils estiment être les plus urgents, les sondés ont placé le sujet de la migration en première position (21%), alors que l'asile inquiète nettement moins qu'en 2015, quand ce thème était mentionné par 44% des répondants.
Suivent les questions liées à la santé (dont les caisses maladie) à 20%, la sécurité sociale (17%) et l'environnement (13%). Seuls 8% des sondés se disent préoccupés au plus haut point par la situation du marché du travail.
L'actualité a pu influer sur les réponses des électeurs interrogés, note encore Sotomo. Le sondage a été réalisé entre le 28 septembre et le 2 octobre dernier, peu après l'annonce de l'augmentation des primes maladie en 2018, le non du peuple au projet de prévoyance vieillesse 2020, l'éboulement de Bondo et les ouragans dans les Caraïbes. Soit des événements touchant à la santé, la sécurité sociale et le climat.
Tamara Muncanovic
A propos de la méthodologie utilisée pour cette enquête
Le sondage a été réalisé entre le 28 septembre et le 2 octobre 2017. Au total, 14'063 personnes y ont participé: 7058 ont été interrogées par l'institut Sotomo et 7005 ont été sondées en ligne (par Sotomo) via les sites internet de la SSR.
Les résultats obtenus ont ensuite été pondérés afin de garantir l'obtention de valeurs caractéristiques représentatives. La marge d'erreur est de 2,2%.