Pendant plus de deux heures, les partenaires impliqués dans le dossier ont analysé avec le ministre de l'intérieur Alain Berset l'échec de la grande réforme des retraites dans les urnes le 24 septembre. "La rencontre n'a pas apporté de grandes surprises, mais elle était importante", a déclaré ensuite le socialiste à la presse.
Personne ou presque ne conteste la nécessité de réformer les retraites, tout le monde estime qu'il faut un financement additionnel pour l'AVS et tient à maintenir le niveau des rentes, a précisé le conseiller fédéral.
Désaccord presque total
Il y a désaccord sur quasiment tous les éléments d'une future réforme. Sur l'âge de la retraite, les positions vont du statu quo à une hausse rapide à 66 ans pour les femmes comme pour les hommes.
Pour le 2e pilier, le taux de conversion du capital en rente devrait rester inchangé pour certains, être réduit jusqu'à 6%, voire ajusté automatiquement pour d'autres. Les esprits divergent aussi la nécessité de prévoir des compensations pour les sacrifices demandés ou l'opportunité de flexibiliser l'âge du départ à la retraite, a cité le conseiller fédéral.
Pour financer les rentes, les idées vont d'un déplafonnement de l'impôt fédéral direct à l'augmentation des cotisations salariales en passant par une hausse de la TVA.
Pas de réforme globale
L'idée de départ d'Alain Berset de réunir dans la même réforme l'AVS et la prévoyance professionnelle semble en tout cas compromise. Les acteurs misent sur des projets distincts, à mener en parallèle ou l'un après l'autre.
Après l'échec du projet en votation, tous les points sont à nouveau ouverts sur la table, a précisé le Fribourgeois. Le Département de l'intérieur va analyser soigneusement les prises de position des plus de 25 partis, partenaires sociaux et autres organisations invitées. Il attend aussi l'analyse des résultats de la votation. Le Conseil fédéral se penchera sur le dossier encore avant la fin de l'année, et décidera de la suite à lui donner.
Selon le ministre, "il faut remettre l'ouvrage sur le métier avec beaucoup de modestie." Il ajoute qu'il est plus facile de créer un climat qui mène à un rejet, plutôt que de réformer un sujet complexe qui touche fortement les gens dans leur vie courante. L'objectif du socialiste est "d'obtenir une réforme acceptable non seulement par le Parlement, mais aussi par le peuple, puisqu'à la fin, c'est lui qui aura le dernier mot".
ats/jvo