Dans un communiqué daté d'il y a quelques jours, l'Union nationale française de l'apiculture annonçait que la production de miel a été divisée par trois en vingt ans. Le miel suisse, en revanche, n'a pas connu une pareille chute de sa production.
D'une année à l'autre, les aléas de la météo font en effet varier la production des abeilles suisses entre 1000 et 7000 tonnes de miel, mais la moyenne reste stable depuis les années 1990.
Evolution de l'agriculture
Dans le même temps, l'impressionnante dégringolade française s'explique non pas par une disparition des abeilles, mais par l'évolution de l'agriculture.
"L'élément central de cette diminution, ce sont les nouvelles variétés de tournesols, développées pour avoir une bonne production en huile et une bonne résistance aux maladies, mais qui ont une production diminuée de nectar", explique Jean-Daniel Charrière, responsable du centre fédéral de recherche apicole d'Agroscope.
Moins de nectar signifiant moins de miel - avec le tournesol représentant le gros de l'activité des ruches françaises il y a vingt ans - la chute de la production est importante. Or, comparée à la Suisse, l'apiculture française est davantage fondée sur le rendement.
Transhumances
"Les abeilles française ne sont pas localisées à un emplacement toute l'année", note Jean-Daniel Charrière. "Elles sont transhumées par l'apiculteur, qui est très souvent professionnel. Ses colonies peuvent donc se déplacer du Sud de la France au printemps, vers des champs de colza plus tard dans la saison, et finir sur des miellées de sapin en automne, par exemple."
L'apiculteur français a la possibilité de faire plusieurs récoltes: avec des colonies transhumées, le miel de Provence au romarin et celui des forêts des Vosges pourrait ainsi provenir... des mêmes abeilles.
Simon Corthay/kkub