Le Conseil fédéral a dévoilé mercredi sa nouvelle stratégie concernant la politique agricole. Les progrès engendrés par la biotechnologie et la compétitivité accrue des concurrents internationaux ont changé la donne depuis l'adoption de la précédente stratégie, en 2013, estime le Conseil fédéral.
L'agriculture fait face à des défis liés au changement climatique et à la croissance démographique. La stratégie PA22+ veut prendre en compte ces changements et créer des conditions-cadre pour renforcer l’orientation sur les marchés de l’agriculture, la responsabilité personnelle des agriculteurs et stimuler la compétitivité des entreprises.
Ouverture des marchés
Le texte prévoit une interconnexion accrue entre les marchés suisses et étrangers, par la mise en place d'accords de libre-échange. "L'objectif du programme est d'établir des connexions entre les marchés suisse et internationaux", a expliqué devant la presse le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann.
Le gouvernement estime que l'ouverture aux marchés étrangers est bénéfique pour la sécurité alimentaire de la Suisse, 40% à 50% des besoins alimentaires du pays étant couverts par les exportations. Toutefois, l'ouverture devrait aussi faire augmenter la pression sur les agriculteurs locaux.
Réduction des tarifs douaniers
Les produits agricoles suisses sont actuellement protégés de la concurrence internationale par un système douanier complexe. L'OCDE estime que la valeur de la protection douanière s'élève à 3,5 milliards de francs. La réduction partielle de ces tarifs douaniers devra être soutenue par des mesures adéquates pour les agriculteurs à déclaré Johann Schneider-Ammann.
La procédure de consultation sur la PA22+ sera lancée au quatrième trimestre 2018. Le message sera soumis au Parlement en été 2019. Le texte devrait entrer en vigueur en 2022.
ats/ruff
Favoriser les entrepreneurs
La nouvelle stratégie devrait également permettre aux chefs d'exploitation d'agir comme des entrepreneurs indépendants qui sont en mesure de réagir aux opportunités et aux risques du marché. Ces derniers sont appelés à faire preuve d'innovation, et leur capacité à utiliser de nouvelles technologies sera essentielle, selon le Johann Schneider-Ammann.
Des réactions critiques
Dans un communiqué, l'Union suisse des paysans a dénoncé un "sacrifice de l'agriculture". L'USP soutient que le Conseil fédéral n'a pas pris en compte les développements du commerce international, dans lequel le libre-échange n'est pas toujours synonyme de succès pour l'économie d'un pays. Pour l'union, il faudrait ainsi se préoccuper "plutôt de la production indigène durable et de la protection des animaux."
Pour l'UDC, la stratégie du Conseil fédéral menace les paysans et la production indigène de produits alimentaires. Economiesuisse voit quant à elle la stratégie d'un bon oeil.