Le Conseil fédéral a présenté cette semaine ses visions à moyen terme, mettant la priorité sur la conclusion d’accords de libre-échange, la réduction des protections douanières pour l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire et le développement de la capacité entrepreneuriale des exploitants.
"Ces perspectives m'attristent", déclare l'ancien conseiller d'Etat fribourgeois et agriculteur Pascal Corminboeuf, invité vendredi de La Matinale de La Première. "Ce rapport ne tient pas compte du vote du 24 septembre sur la souveraineté alimentaire", regrette-t-il, évoquant un "rapport d'auto-satisfaction" du gouvernement.
Il déplore aussi que le document ne mentionne pas "le glyphosate, les néocortinoides, la protection animale..." ni "l'agriculture bio, alors qu'elle devient de plus en plus importante dans le pays".
La nourriture, facteur de santé
"La nourriture fait partie du bien commun (...). Elle est le facteur primordial de la santé du pays", estime celui qui a siégé pendant 15 ans au Conseil d'Etat fribourgeois. "On est prêts à dépenser 80 milliards pour la santé, mais les 3,5 milliards pour l'agriculture sont toujours remis en question", déplore-t-il.
Il reconnaît que le consommateur est devenu "plus regardant", mais juge que "la politique ne va pas dans le sens du consommateur".
La nourriture fait partie du bien commun.
Indépendance
Ne peut-on pas trouver de compromis entre "ouvrir et protéger?" "Je n'y crois pas du tout", répond Pascal Corminboeuf.
"On parle souvent d'indépendance nationale qu'il faut défendre. Mais elle passe avant tout par l'indépendance par rapport à la nourriture. Pourtant, un kilo sur deux de ce qu'on consomme vient de l'étranger".
L'ancien élu indépendant serait-il devenu souverainiste? "Non, pas du tout. Mais j'ai toujours dit que chaque pays devrait produire une part importante de sa nourriture et payer ses paysans de manière à ce qu'ils puissent vivre correctement de leur production", insiste-t-il.
Propos recueillis par Romain Clivaz
jvia