Selon les derniers chiffres de Proviande, qui correspondent à l'année 2016, 68,8% du gibier consommé en Suisse provient de l'étranger. Si elle stagne depuis trois ans, cette proportion s'élevait encore à 82,6% il y a dix ans. Chevreuils et cerfs importés arrivent le plus souvent d'Autriche et de Nouvelle-Zélande.
La part de viande indigène est néanmoins en augmentation grâce à l’élevage. Si celui-ci demeure confidentiel, de plus en plus de producteurs se lancent dans le gibier malgré les coûts d’infrastructures, de production et de formation. Souvent, ce sont des agriculteurs qui entendent ainsi se diversifier.
Pas de souci pour écouler la viande
Pour Vincent Feuz, éleveur de cervidés aux Brenets (NE) interrogé vendredi dans le 19h30, le gibier constitue son principal revenu: "On n'a pas des immenses rentrées d'argent mais on a aussi des frais qui sont plus limités par rapport à d'autres élevages, ça donne un peu moins de travail qu'un élevage intensif. Economiquement, on s'en sort si on a assez d’animaux."
Aujourd'hui, les cours obligatoires pour détenir des animaux sauvages ne désemplissent pas et l'offre de cerfs et de daims suisses va encore s'étoffer ces prochaines années. Les agriculteurs n'ont ainsi aucun souci pour écouler leur viande, d'autant plus que ce type de gibier n'est servie que quelques mois dans l'année.
500 grammes par an
Star de l'automne, la viande de chasse reste toutefois encore un marché de niche: les Suisses en consomment 500 grammes par année, contre par exemple 22 kilos de porc, 11 kilos de boeuf ou 12 kilos de volaille.
Quant au nombre de cervidés dans les exploitations helvétiques, il n'a jamais été aussi élevé: il est passé de 8530 en 2006 à 12'000 en 2016, selon l'Office fédéral de la statistique, ce qui correspond à une hausse de 44%. Le nombre de détenteurs de cervidés suit une courbe similaire: 612 en 2016, contre 526 en 2006, soit une augmentation de 16%.
Léa Jelmini/Frédéric Boillat