"Nous ne pouvons pas rivaliser avec les prix à la production de l'Union européenne tout en supportant le niveau des coûts en Suisse", affirme mardi Francis Egger, de l'Union suisse des paysans (USP). Sans compter qu'il faut également répondre à "des exigences encore plus élevées en matière de performance environnementale et de bien-être animal".
De son côté, le président de l'USP Markus Ritter souligne l'utilité de la protection douanière. Elle favorise le développement de l'entrepreneuriat requis, et non pas l'optimisation des paiements directs, assure-t-il. De plus, "la protection douanière n'affecte guère les consommateurs: les Suisses sont ceux qui consacrent la plus petite part de leur revenu disponible à la nourriture".
Sans protection douanière, alors que leur revenu est déjà bas, les familles paysannes devront faire face à une arrivée massive de produits étrangers moins chers et de moindre qualité, ajoute Anne Challandes, membre du comité de l'Union suisse des paysannes et des femmes rurales. Se serrer la ceinture, assumer toujours plus de travail: la faculté d'adaptation paysanne atteint ses limites.
Pas de commerce équitable
Une année avec de mauvaises conditions météo peut provoquer des pertes de cultures ou des frais imprévus, souligne Anne Challandes. Si le Conseil fédéral persiste sur cette voie, sur quatre exploitations agricoles à remettre, trois disparaîtront. Des perspectives également peu réjouissantes pour les jeunes agriculteurs.
Hansuli Huber, directeur de la Protection suisse des animaux (PSA), pointe pour sa part la contradiction entre le rapport du Conseil fédéral et l'article constitutionnel sur la sécurité alimentaire, accepté par 78,7% des votants fin septembre. La PSA n'a pas l'intention de céder sur une production durable et respectueuse des animaux. L'Etat et l'économie ont reçu le mandat de les garantir.
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Aucun développement pour le bio
Cependant, "je ne vois aucun développement de l'agriculture biologique ou des prestations écologiques" dans le rapport du Conseil fédéral, déplore la conseillère nationale Maya Graf (Verts/BL), coprésidente de l'initiative pour des aliments équitables. Le document ignore aussi les "relations commerciales durables" mentionnées dans le nouvel article constitutionnel.
L'alliance pour une agriculture durable exige une nouvelle base de discussion de la part du Conseil fédéral. L'USP avait déjà demandé au gouvernement de revoir sa copie la semaine dernière.
Début novembre, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann présentait la nouvelle stratégie agricole. Celle-ci propose notamment d'intensifier les accords de libre-échange et de réduire la protection douanière en vigueur en Suisse.
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ats/fme
L'alliance pour une agriculture durable
L'alliance pour une agriculture durable comprend notamment l'USP, l'Union suisse des paysannes et des femmes rurales, la Commission des jeunes agriculteurs, la PSA, l'Union maraîchère suisse et l'initiative pour des aliments équitables.