Modifié

Cesser de s'alimenter, une manière pour certains de renoncer à la vie

Le jeûne pour mourir, un choix qui fait débat
Le jeûne pour mourir, un choix qui fait débat / 12h45 / 2 min. / le 17 mars 2018
S'il est très présent en Suisse alémanique, le débat sur la mort volontaire reste plus tabou en Suisse romande. Certaines personnes, déjà malades et affaiblies, voient le jeûne comme une manière d'abréger leurs souffrances.

Ancien journaliste alémanique, Martin Schuppli a fondé avec deux amis le site Dein Adieu, qui relate des histoires personnelles et aborde les mille façons d'envisager la fin de vie.

Il y a huit ans, il a lui-même accompagné son père, âgé de 88 ans, dans son dernier voyage. Victime d'une chute, transporté à l'hôpital, l'aïeul a très vite fait comprendre qu'il ne fallait rien lui imposer.

"Nous avons tout de suite compris qu'il ne voulait plus. Il ne voulait plus manger, ni boire. Le personnel médical lui a humidifié la bouche, ils se sont occupés de lui... Ainsi il a pu rester au calme et tranquillement, après 9 jours sans manger ni boire, il a pu s'en aller", raconte Martin Schuppli.

Accompagnement spécifique

La démarche est difficile. Mourir en jeûnant demande un accompagnement spécifique, notamment pour soulager la sécheresse de la bouche.

"Renoncer à la nourriture ce n'est pas le problème. Mais renoncer à boire... Le corps veut du liquide. Dire à son corps 'tu n'auras rien à boire', presque personne n'y arrive", explique le responsable de Dein Adieu.

"La plupart des gens qui prennent ce chemin décèdent d'une manière sereine, mais il faut cet accompagnement", corrobore le docteur Ralf Jox, professeur associé des soins palliatifs gériatriques au CHUV à Lausanne. "Cela exige une force intérieure, une ténacité de la part du patient."

Entre le suicide assisté et la mort naturelle

Selon le professeur Jox, cette démarche se situe entre le suicide assisté d'Exit et la mort naturelle. Le corps médical est censé respecter la décision et ne sera pas accusé de non-assistance à personne en danger.

"On laisse un peu faire la nature, le destin, Dieu... On ne contrôle pas tout", ajoute le spécialiste.

Plusieurs témoignages rapportent que l'ancien président français François Mitterrand avait ainsi cessé de s'alimenter, sachant que sa fin était certaine et proche.

Chloé Steulet/ptur

Publié Modifié