Les déclarations de sinistres dépassent la barre des 10'000 dans toute la Suisse. Dans le seul canton de Berne, l'un des deux les plus frappés par la tempête Burglind - ou Eleanor - avec Lucerne, les vents ont occasionné des dégâts estimés entre 6 et 10 millions de francs, selon l'Assurance immobilière Berne (AIB). Son homologue lucernoise les chiffre elle à environ dix millions.
Dans les cantons de Zoug et Nidwald, les assurances chiffrent les dégâts à plus de 5 millions de francs.
Dans le canton de Fribourg, l'établissement d'assurance chiffre les dégâts entre 2 et 3 millions de francs. A Neuchâtel, il les estime provisoirement à un million. Dans le canton de Soleure, les dommages devraient se monter à plus de 5 millions et à Schaffhouse, entre un et deux millions de francs. En Argovie, les dégâts atteignent entre 4 et 5 millions de francs, et jusqu'à deux millions à Bâle-Ville.
Perturbations ferroviaires
De nombreux trains ne circulaient toujours pas jeudi au nord-ouest du pays à cause de dégâts provoqués par la tempête, comme entre Glovelier (JU) et La Chaux-de-Fonds (NE), Les Reussilles (BE) et Le Noirmont (JU) ou d'autres trains régionaux dans le Jura ou le Jura bernois. Des bus les remplacent.
"Environ 600 mètres de lignes de contact ont été arrachés, et plus d'une vingtaine d'arbres sont tombés soit sur la voix, soit sur la ligne", explique jeudi Frank Maillard, porte-parole des Chemin de fer du Jura (CJ), en direct au 12h45.
Selon lui, c'est la première fois depuis la tempête Lothar, en 1999, que les CJ ont dû interrompre totalement leur réseau. Après 24 heures d'arrêt. seules trois lignes ont pu être rétablies.
En altitude, les vents forts empêchent les trains de circuler entre Haut-de-Caux et Rochers-de-Naye (NE). Un glissement de terrain bloque la voie Martigny - Vallorcine (F), près de Finhaut (VS). Un autre interrompt celle entre Bellegarde (F) et Genève.
La ligne ferroviaire du Gothard demeurait elle fermée en plusieurs endroits à cause du danger d'avalanche.
2500 ménages sans électricité
Le trafic routier a repris normalement jeudi sur les grands axes. De nombreuses petites routes et tronçons de routes cantonales restaient cependant fermées à la circulation pour cause de chute d'arbres, d'enneigement ou de dommages divers. En Suisse romande, c'était surtout le cas en Valais et autour du Chasseral (BE).
Dans le canton de Berne, quelque 2500 ménages restaient sans électricité en début de soirée. La veille, environ 40'000 foyers approvisionnés par les BKW (ex-Forces motrices bernoises), onyx et La Goule en avaient été privés, avant un quasi-retour à la normale en fin d'après-midi. Quelque 10'000 ménages du Val-de-Travers (NE) avaient aussi connu des coupures de courant, résorbées après quelques heures.
ats/mh/fme
Le jetstream, moteur des tempêtes
Si Eleanor n'est pas Lothar, elle frappe notamment parce que les derniers hivers ont été plutôt calmes. "On ne peut pas la comparer à Lothar, mais c'est une des tempêtes les plus vigoureuses qu'on a eu ces dix dernières années", relève dans La Matinale Christophe Salamin, prévisionniste à Météosuisse.
Le record de vitesse de vent enregistré en Suisse reste celui de la tempête Vivian, avec une pointe à 268 km/h, au Grand-Saint-Bernard, en 1990. C'était durant l'hiver, en février, puisque sous nos latitudes, ces phénomènes restent cantonnés aux mois les plus froids.
"Le facteur principal c'est la force des courants d'altitude qu'on appelle le jetstream, ce sont eux qui génèrent ces tempêtes. La force du jetstream dépend, en général, de la différence de températures entre la masse d'air polaire et la masse d'air tropical", explique Christophe Salamin. "Le moteur de ces tempêtes, c'est les jetstream qui se trouvent à peu près vers 10'000 mètres d'altitude."
>> Ecouter les explications du prévisionniste Christophe Salamin dans La Matinale: