Depuis 10 jours, la livraison de poires bio est devenue impossible. Olivier de Meuron, épicier et livreur de paniers bio à Neuchâtel, a remué ciel et terre pour mettre la main sur un stock:
"On passe notre semaine à ça, à chercher de petits producteurs qui en ont peut-être encore", indique-t-il mardi dans le 19h30 de la RTS.
La fin des stocks
Le printemps 2017 a été catastrophique pour la production indigène avec le gel qui a détruit la moitié des poires bio. Tous les producteurs du pays, bio ou non, seront en rupture de stock d’ici la fin de la semaine.
"Ça nous met dans une situation où on doit choisir nos acheteurs parce qu’on ne peut pas contenter tout le monde", réagit Olivier Cordey, producteur et directeur de Biofruits. "Si on devait contenter tout le monde, on n'aurait déjà plus un fruit aujourd’hui."
A la mi-décembre, "Swissfruit", l’association faîtière des producteurs, a demandé à la Confédération d’autoriser l’importation de poires sans surtaxes.
Les pommes aussi touchées
La situation est similaire sur le marché des pommes suisses. Les stocks de Boskoop sont presque à sec et la Gala disparaîtra courant avril. Seule la Golden devrait tenir jusqu’à la fin du printemps.
Là aussi, des mesures exceptionnelles ont été adoptées. Les frontières ont été ouvertes à 8000 tonnes de pommes. "Actuellement les pommes qui sont importées par l’intermédiaire de ce contingent sont des pommes de deuxième qualité, parce c'est ce qui manque, et des pommes bio", explique Xavier Moret, arboriculteur et vice-président des producteurs suisses de fruits.
Le dilemme des épiceries locales
L’importation de pommes bio garantit l'approvisionnement des grands distributeurs. "C’est évident que les critères sont extrêmement stricts en Suisse", admet le porte-parole romand de Migros, Tristan Cerf. "Mais les critères du bio européen sont également d’excellente qualité et nous assurent d’avoir des produits bio."
Du côté des épiciers bio valorisant les circuits courts, on est en plein dilemme. "Ce qui est important pour nous, c’est de prendre des décisions de bons sens et surtout de ne pas tromper nos membres en faisant semblant que c’est du local," explique Olivier de Meuron.
Dernière mauvaise nouvelle: en raison de la pénurie les prix prennent l’ascenseur.
Miroslav Mares/jc