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Que valent les chiffres de l'UDC pour son initiative sur l'immigration?

L'accord sur la libre circulation est nuisible à la prospérité et à la qualité de vie des Suisses, selon l'UDC. [Keystone - Gaëtan Bally]
Que valent les chiffres de l'UDC pour son initiative sur l'immigration? / Forum / 3 min. / le 18 janvier 2018
L'UDC a lancé cette semaine son initiative pour une immigration modérée, qui veut abolir la libre circulation des personnes avec l'Union européenne. L'émission Forum s'est penchée sur les chiffres articulés par l'UDC.

L'UDC affirme qu'entre 1945 et 2001, avant l'entrée en vigueur des bilatérales 1, la croissance moyenne du produit intérieur brut (PIB) par habitant était de 2% en moyenne annuelle. Depuis 2007, le PIB est resté au même niveau. Si cette affirmation est vraie, il faut la nuancer.

D'après l'Office fédéral de la statistique (OFS), la croissance annuelle du PIB par habitant a été de 0,7% en moyenne sur les 26 dernières années.

Après l'entrée en vigueur complète de la libre circulation en 2007, ce chiffre n'a que légèrement augmenté. Mais les analystes n'attribuent pas ce ralentissement à la libre circulation des personnes mais plutôt au franc fort et à la crise financière entre deux, en 2009. La croissance a été de 0,5% entre 2010 et 2016, un taux comparable à celui de la France ou de l'Autriche.

>> Lire aussi : L'initiative "de limitation" jugée utile pour clarifier les relations avec l'UE

L'UE, premier partenaire commercial

Selon l'UDC, les exportations vers l'Union européenne (UE) sont en baisse. Elles sont tombées de 64,3% en 2001 à 48,3% en 2016, en tenant compte du Brexit. L'Asie et l'Amérique représenteraient un marché plus prometteur que l'Union européenne.

Ce n'est pas ce que disent les organisations économiques, même si les chiffres avancés par l'UDC sont corrects. Mais c'est justement parce que la Suisse est parvenue à diversifier ses exportations que la proportion de marchandises à destination de l'Europe a reculé.

L'UE n'en reste pas moins le premier partenaire commercial de la Suisse. A titre d'exemple, plus de 40% des exportations vers l’Allemagne sont destinées au Land du Baden-Wurtemberg. Les échanges avec ce Land correspondaient en 2015 au volume total des échanges avec les BRICS, le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud.

En 2016, selon l'Administration des douanes, les exportations vers les Etats-Unis représentaient seulement 15% du volume total, la Chine 4,7% et le Japon 3,4%, loin derrière l'UE.

Taux de chômage les plus bas d'Europe

La Suisse affiche-t-elle un taux de chômage supérieur à l'Allemagne? Tout dépend des chiffres analysés. Selon Eurostat, l'Allemagne affiche un taux de chômage légèrement inférieur à la Suisse depuis 2014, il était de 4,1% pour 2016, contre 5% pour la Suisse.

Mais si l'on prend les chiffres du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), qui ne prennent en compte que les chômeurs inscrits, le taux se monte à 3,4% pour 2016. A noter que la Suisse affiche avec l'Allemagne l'un des taux les plus bas d'Europe.

La nuance de taille à apporter aux chiffres de l'UDC concerne l'affirmation que le chômage des étrangers atteint 8,8%. Les étrangers résidents représentent un groupe très hétérogène et il faut différencier ceux qui sont venus en Suisse grâce à la libre circulation, donc pour travailler, et ceux qui ont immigré pour d'autres raisons (travailleurs saisonniers, réfugiés reconnus comme tels ou autres).

La Suisse, pays du tiers monde?

L'UDC déclare enfin que la croissance démographique en Suisse a explosé pour atteindre celle d'un pays du tiers monde. Cette affirmation est fausse, comme le montrent ces quelques exemples: selon la Banque mondiale, depuis 2002, la population du Niger a augmenté de 69%, celle du Soudan de 38% et de 31% en Inde, contre une augmentation de seulement 15% de la population suisse.

Rouven Gueissaz/lgr

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