Dix-huit ans, c'est le temps que Fred a mis pour arriver sur les étals de quelques magasins lucernois. Cette nouvelle variété de poire est issue du croisement de deux variétés, la Harrow Sweet et la Verdi, qui allient une conservation longue et un mûrissement pas trop rapide. Sa texture se rapproche de la pomme, tout en étant juteuse.
Danilo Christen, ingénieur agronome à l'Agroscope, a expliqué mardi dans l'émission On en parle le processus qui aboutit à la commercialisation d'une nouvelle variété répondant aux nouvelles demandes des consommateurs.
Une nouvelle mode de consommation
"Le nombre de kilos de fruits à pépins consommés par habitant en Suisse a nettement diminué ces 20 dernières années", constate le chercheur. "De moins en moins de personnes mangent les fruits 'au couteau', c'est-à-dire avec un couteau et une assiette, en dégustant une poire fondante comme un bon dessert."
Les consommateurs préfèrent nettement manger leurs fruits 'à la main', avec un fruit beaucoup plus pratique à transporter, qu'on peut mettre dans son sac. "C'est le cas avec les pommes par exemple. Les poires, elles, sont beaucoup plus fragiles", ajoute Danilo Christen.
Cette année, seuls 4000 kilos sont disponibles pour la vente, ce qui correspond à une semaine de ventes. Quelques enseignes vont proposer Fred à la vente pour une durée d'une semaine dans la région de Lucerne. Dès 2019, la production sera plus importante, puisque plusieurs producteurs ont déjà planté des arbres.
Sophie Proust/ebz
Variété protégée et marque enregistrée
La variété CH201 est brevetée et fait l'objet d'une protection variétale. Il s'agit de certifier que cette variété est une création de l'Agroscope et est protégée. "Il s'agit aussi de prouver qu'on n'a pas volé la variété de quelqu'un d'autre", souligne Danilo Christen.
De plus, la marque "Fred" est déposée. Il s'agit de "contrôler le développement" pour qu'il ne soit pas trop "sauvage". Les plantations seront dans un premier temps bloquées à 40'000 arbres, soit une surface de 20 hectares.
Danilo Christen estime que le surcoût répercuté sur le consommateur sera de l'ordre de un franc par kilo de poires, une somme qui sert à amortir les coûts de la sélection de cette nouvelle variété, ainsi que de futures études sur la conservation du fruit.