Ils étaient 1900 mineurs non accompagnés à demander la protection de la Suisse en 2016, contre 733 l'an dernier. Les professionnels de la migration pointent du doigt la fermeture de la route des Balkans, les difficultés pour quitter la Libye ou encore le fait que la Suisse n'est qu'un pays de transit.
Ces deux dernières années, les chiffres des MNA avaient pourtant explosé, devenant une priorité de la politique d'asile. Les cantons ont d'ailleurs redoublé d'efforts pour améliorer leur prise en charge, démarche saluée par les organisations de protection de l'enfance.
Risque de désengagement
Mais ces récents chiffres à la baisse font craindre à ces organisations un désengagement du politique, non sans conséquences. L'Alliance pour les droits des enfants migrants (ADEM) redoute un scénario similaire à celui qui a suivi la vague migratoire en provenance des Balkans au début des années 2000, soit des coupes dans les budgets de l'asile et la fermeture de lieux d'hébergement.
L'ADEM craint plus particulièrement de voir les cantons et la Confédération réduire leur soutien aux MNA. Une population jugée plus vulnérable qui compte actuellement 5200 mineurs sans parents en attente de l'obtention ou non de l'asile. Pour Christophe Braunschweig, de l'ONG Service Social International et membre de l’ADEM, "il faut se concentrer sur la qualité de prise en charge et particulièrement sur l'intégration professionnelle et sociale des jeunes".
Appel à en faire davantage en matière d'intégration
Plusieurs organisations de défense des réfugiés, réunies lundi en colloque à Berne, ont appelé la Suisse à faire davantage d'efforts, notamment pour faciliter le regroupement familial: "On a vu dans plusieurs pays en Europe des critères très stricts et il faut trouver un moyen pour la réunification familiale", a indiqué à la RTS Volker Türk, haut commissaire au HCR des Nations Unis.
Egalement présente lors de cette rencontre, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a promis de d'examiner ces demandes. Mais la priorité, selon elle, reste l'intégration des réfugiés: "Avec les cantons, nous sommes d'accord que l'on peut en faire encore plus. On est en train de préparer un agenda d'intégration commun pour améliorer la possibilité de participer au marché du travail en Suisse", a-t-elle rapporté.
Marc Menichini/lgr
Ces soutiens aux mineurs sont-ils menacés?
Les craintes des ONG sont-elles justifiées? Tout dépend de la Confédération qui devrait décider prochainement de délier ou non les cordons de sa bourse. Depuis mars 2017, les cantons, appuyés par la société civile, exigent une révision des montants des contributions fédérales à l'attention des MNA.
Ils réclament plus de moyens, presque 70 millions de francs, pour garantir un hébergement et un encadrement adéquat de ces migrants mineurs.
Chargé de ce dossier, le Département fédéral de justice et police de Simonetta Sommaruga joue la montre. Avant de se prononcer, il veut vérifier ce chiffre de 70 millions et comprendre comment les cantons l'ont calculé.