"La liste du Kremlin", comme l'ont surnommée les médias russes, est un document listant des personnalités influentes russes, liées selon Washington au pouvoir russe.
Ce document, qui contient les noms de 96 hommes d'affaires et 114 responsables politiques, dont le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le Premier ministre Dmitri Medvedev, pourrait être la base d'une nouvelle salve de sanctions.
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Sur ces 210 noms, près de 30 ont une existence dans les registres du commerce cantonaux. Ces personnalités détiennent ou ont détenu un mandat dans des structures installées sur sol helvétique. Ce chiffre ne prend pas en compte les magnats détenant indirectement des fonds et activités basés en Suisse, sans forcément apparaître au registre du commerce.
Matières premières et banques
Sans surprise, les oligarques actifs sur le marché des matières premières occupent une place de choix et ont joué des rôles dans des succursales suisses de compagnies pétrolières ou gazières russes. D'autres noms présents sur la "liste du Kremlin" ont été liés à des filiales helvétiques de groupes financiers russes, comme Gazprombank ou Rosbank.
Puis il y a ces milliardaires dont au moins une partie des affaires sont basées en Suisse. C'est le cas d'Andreï Melnitchenko - propriétaire du plus grand voilier privé du monde - et sa société zougoise d'engrais EuroChem, co-fondée avec Sergei Popov, également cité par les autorités américaines.
Viktor Vekselberg apparaît aux côtés du banquier suisse et ancien directeur de Deutsche Bank Josef Ackermann dans la structure de Renova Managament, sa société d'investissement zurichoise qui détient des participations dans des groupes industriels helvétiques, parmi lesquels OC Oerlikon ou Sulzer.
Igor Makarov, actif dans le négoce des matières premières depuis Genève, a également enregistré son équipe cycliste professionnelle Katusha au bout du Léman.
Hôtels, vodka et université
Rare femme du listing, Elena Batourina a été active dans une holding domiciliée chez une fiduciaire d'un village nidwaldien et liée à son business hôtelier. L'oligarque Victor Rashnikov a quant à lui signé pour MMK Trading, branche zougoise de l'une des plus importantes sociétés métallurgiques russes.
Yuri Sheffler, magnat de la vodka, a détenu un mandat d'une branche genevoise de sa holding SPI Group. Actuel directeur des chemins de fer russes, Oleg Belozerov est membre d'une association saint-galloise de promotion du transport transsibérien.
L'oligarque Petr Aven et le vice-président du gouvernement russe Arkadi Dvorkovich signent de leur côté pour "The New Economic School Foundation", une fondation enregistrée à Sarnen (OW) "qui vise à encourager et soutenir" l'Université privée russe du même nom.
Ce relevé pourrait encore s'étendre en analysant la présence de proches et de membres de la famille des personnalités visées par Washington, dont certains semblent également apprécier le climat des affaires en Suisse.
Marc Renfer
Les fédérations sportives concernées
Les nombreux sièges de fédérations sportives internationales installées en Suisse ont également créé des liens avec des personnalités bien placées à Moscou.
La liste américaine nomme ainsi l'escrimeur Pavel Kolobkov, actuel ministre des Sports russe, membre de l'Association mondiale antidopage (AMA) jusqu'en novembre 2017. Son prédécesseur à son poste ministériel, Vitaly Mutko, était intégré à l'organigramme de la Fédération internationale de football (FIFA), avant de devoir quitter son poste du comité d'organisation de la Coupe du monde 2018 après avoir été banni à vie des Jeux olympiques pour son rôle supposé dans le scandale de dopage généralisé touchant le sport russe.
L'oligarque Arkady Rotenberg siège quant à lui auprès de la Fédération internationale de judo à Lausanne. Alisher Usmanov, résidant suisse qui détient - entre autres - une participation dans le club de football londonien d'Arsenal, occupe un poste à la Fondation pour le musée international de l'escrime, également dans la capitale vaudoise.
Une liste simplement issue du classement Forbes?
La liste américaine semble être une simple compilation des membres du gouvernement de Moscou et de l'inventaire des Russes les plus riches publié par le magazine Forbes.
Selon l'expert de la Russie Anders Aslund, qui dit avoir été consulté sur la création d'une liste dénonçant plus précisément l'éventuelle corruption du cercle du pouvoir, cette dernière aurait été écartée à la dernière minute pour la version publiée mardi.
Cette liste constitue "un acte inamical, il complique les relations russo-américaines, déjà dans un état difficile, et nuit à l'ensemble des relations internationales", a affirmé Vladimir Poutine qui a ironiquement ajouté être vexé d'en être le grand absent.