Les partisans de l'initiative dite No Billag accusent les opposants de jouer sur la peur. "Je ne crois pas. Cette initiative est tellement extrême dans ses composantes et dans ses conséquences! On passe d'un système tel qu'on le connaît aujourd'hui à une page blanche qui devrait s'écrire, et cela suscite beaucoup de passions", répond la conseillère nationale PS Géraldine Savary, invitée lundi de La Matinale de la RTS.
Pour elle, le débat est "un questionnement sur notre identité, sur la manière dont on peut se parler à nous-mêmes."
>> Lire : No Billag "veut rendre une liberté aux citoyens", selon Nicolas Jutzet
"Elargir le débat"
Les milieux culturels et sportifs, en plus des partis politiques, sont très engagés dans la campagne. Or, les initiants leur reprochent de défendre un service dont ils bénéficient.
"Il était juste d'élargir le débat", rétorque Géraldine Savary. "On est partis du débat sur la radio/TV 'd'Etat', avec une redevance qui coûte trop cher. L'idée était de montrer qu'on ne parlait pas que d'un service d'information, mais que tout un pan de notre société auquel les gens sont attachés serait perdu ou menacé".
Pour elle, il est "positif, indépendamment de la question No Billag", de montrer "comment la culture, le sport, se manifestent, s'expriment, sont financés aussi".
"La fin d'un système à peu près solidaire"
Interrogée sur la volonté des initiants de ne "payer que pour ce que l'on consomme", elle répond qu'il s'agit "d'un des éléments les plus importants dans cette campagne". En cas de oui, "pour tout projet soumis à votation, pour tout projet de loi, on sera dans la logique qui anime cette initiative", et si elle "contamine tous les débats politiques, c'est la fin d'un système à peu près solidaire qu'on a mis en place en Suisse".
Elle souligne encore qu'avec la redevance, "Tessinois et Romands paient moins que ce qu'ils consomment" et qu'ils seraient donc les "grands perdants" d'un oui à No Billag.
Propos recueillis par Romain Clivaz
Adaptation web: Jessica Vial
Le prochain débat, davantage de soutien aux médias privés
Pour Géraldine Savary, "le prochain débat après la votation du 4 mars sera de redéfinir la manière dont on contribue à accompagner la diversité médiatique (...) soutenir le service public, bien sûr, mais trouver des moyens pour que la presse puisse continuer à vivre, avec de l'argent public ou avec la redevance".
Elle assure "qu'il y a des pistes sur la table du Parlement". Elle évoque notamment la Loi sur les médias électroniques, qui sera bientôt débattue et qui pourrait ouvrir le champ de l'aide publique à des médias privés.
"Les partisans de No Billag voudraient que la SSR ait davantage de recettes publicitaires et soit plus présente sur les contenus online. Cela menace très clairement les médias privés", ajoute Géraldine Savary. "Je considère que la RTS ne doit pas entrer en concurrence avec les médias privés, si c'est le cas il faudrait restreindre son champ d'intervention."
Un travail d'agence de presse?
Et si la SSR effectuait le travail d'agence de presse en plus de la radio et de la télévision? Cette idée est évoqué par plusieurs parlementaires fédéraux au moment où l'Agence télégraphique suisse est en pleine tempête.
Le conseiller national PLR Fathi Derder, également rédacteur en chef de l'Agefi, partage cette idée: "Il est indéniable que l'ATS fait un travail de service public et il est aussi indéniable que cela n'est pas rentable: on ne peut pas imposer à une entreprise privée de faire ce travail de service public".
>> Son interview dans le 12h30::