Selon l'organisme de défense des patients, des thérapeutes non reconnus seraient admis par l'assureur maladie en raison de leurs tarifs avantageux alors que d'autres, plus qualifiés, se verraient radiés des listes de la caisse.
Tarifs jugés trop élevés
"C'est dès l'automne 2016 et en plusieurs étapes qu'Helsana a fait parvenir à certains ostéopathes - partout en Suisse - une lettre leur demandant de revoir à la baisse leurs tarifs", explique l'avocat Quentin Beausire, membre du comité romand de la Fédération suisse des patients (FSP), lundi dans l'émission On en parle.
"Helsana leur a fourni une grille tarifaire qui correspond à un tarif linéaire de maximum 14 francs par tranche de cinq minutes, et leur a demandé de se conformer à ce tarif faute de quoi ils seraient radiés de cette fameuse liste des thérapeutes pris en charge par son assurance complémentaire", poursuit Quentin Bessire.
A l'heure actuelle, selon l'homme de loi, une consultation d'une demi-heure chez un ostéopathe coûte entre 100 et 120 francs. Avec le nouveau tarif, Helsana ne prendrait en charge que les thérapeutes dont le tarif pour la demi-heure serait de 84 francs maximum.
Faire pression sur Helsana
Par ailleurs, Helsana rembourse désormais des ostéopathes qui n'ont pas le diplôme de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé, qui ne sont pas membres de la Fédération suisse des ostéopathes ou qui n’ont pas d’autorisation de pratique cantonale, selon la FSP. "C'est ce qui est problématique à notre sens au niveau de la qualité des soins prodigués par certains ostéopathes", souligne Quentin Beausire.
Face à cette situation, la FSP propose une aide gratuite aux assurés. Elle est actuellement en train d'"examiner les différentes pistes possibles, juridiques ou pas, mais l'idée est vraiment de faire pression sur Helsana afin qu'elle revienne sur sa décision et reprenne un dialogue constructif avec les thérapeutes", indique l'avocat.
"Nous offrons des conseils gratuits aux patients qui verraient leur facture refusée par Helsana. On les assiste également dans leur idée de changer de caisse complémentaire s'ils le souhaitent, sachant que ce n'est pas toujours aisé", conclut Quentin Bessire
Yves-Alain Cornu
"Pas de mise en danger des patients" répond Helsana
Helsana a transmis une première réaction à la rédaction de l'émission On en parle, dans laquelle l'assureur "prend acte de ces accusations formulées par la Fédération suisse des patients et les conteste avec fermeté".
La caisse assure que "les mesures prises auprès de certains professionnels de l’ostéopathie se font dans le cadre de la législation, sans aucune discrimination et dans l’intérêt à la fois des assurés et des collectifs d’assurés. Elles se justifient pleinement par rapport à la pratique tarifaire exagérée d’une minorité de thérapeutes."
"Ces mesures ne sauraient en aucun cas porter atteinte à la sécurité des patients", souligne l'assureur. "L’accès à des prestations de qualité et un large choix de thérapeutes est garanti et ce dans le cadre de produits d’assurances privées qui restent aujourd’hui parmi les plus attractifs du marché."